Et si le microbiote intestinal pouvait soigner la dépression ?

La flore intestinale pourrait influencer l'humeur, la qualité de vie et la dépression, selon une étude menée par l'Université belge de Louvain.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Et si le microbiote intestinal pouvait soigner la dépression ?
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Ces dernières années, plusieurs études ont établi des liens entre le cerveau et notre intestin, notre "deuxième cerveau". Et en effet, ces deux organes sont en communication constante l'un avec l'autre. Le cerveau transmet des informations à l'intestin par le biais d'un réseau de nerfs très dense. L'intestin répond à son tour en envoyant des hormones qui fournissent des indications au système nerveux, par exemple sur le besoin de manger, de boire ou de vomir.

Il existe cependant un troisième acteur qui joue un rôle fondamental dans ce dialogue : le microbiote intestinal. Un nombre croissant d'études suggèrent que les bactéries situées à l'intérieur de l'intestin communiquent activement avec lui et pourraient jouer un rôle dans l'apparition de maladies psychiatriques telles que la dépression ou de maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer.

Une étude récente de l'équipe de chercheurs belges dirigée par Jeroen Raes suggère que certains types de bactéries intestinales pourraient avoir un impact sur la qualité de la vie et être liés à la dépression. La recherche a été publiée dans la revue Nature Microbiology le 4 février.

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Les bactéries intestinales liées à une meilleure qualité de vie

L'étude a été menée en analysant le microbiote intestinal de deux cohortes indépendantes, composées d'environ un millier de participants chacune. Pour évaluer l'impact du microbiote sur la qualité de la vie, les chercheurs ont utilisé un questionnaire prenant en compte huit paramètres, quatre concernant la santé physique, comme la douleur par exemple, et quatre concernant la santé mentale, comme le bien-être émotionnel. Ils ont ensuite recherché une corrélation entre les scores obtenus dans le questionnaire (de 0 à 100) et la présence ou l'absence de certains types de bactéries intestinales.

Les bactéries du type Faecalibacterium et Coprococcus sont associées à des scores élevés, donc à une bonne qualité de vie. Les deux produisent du butyrate, un acide gras qui renforce les défenses épithéliales et réduit l'inflammation. L'absence de cette molécule est liée à l'apparition de maladies chroniques de l'intestin et à la dépression.

Absence de certaines bactéries en cas de dépression

Les chercheurs ont ensuite comparé le microbiote de sujets atteints de dépression à celui de personnes non dépressives et ont observé que deux types de bactéries, Coprococcus et Dialister, étaient absents chez les patients déprimés. La dépression pourrait être la cause ou la conséquence de cette déficience bactérienne, on ne le sait pas. Mais les scientifiques ont vérifié que l’absence de ces bactéries ne soit pas due à l’utilisation d’antidépresseurs.

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Un catalogue de composés neuroactifs produits par des bactéries

Une fois que les bactéries susceptibles d'influencer l'humeur ont été identifiées, les chercheurs ont tenté de comprendre leur action sur le système nerveux. Pour cela, ils ont isolé plus de 500 bactéries de la flore intestinale. Ils les ont ensuite étudiées pour comprendre quelles molécules "neuroactives", qui ont donc un effet sur le cerveau, le microbiote était capables de produire.

"De nombreux composés neuroactifs sont produits dans l'intestin humain. Nous voulions savoir quels microbes intestinaux participaient à la production, à la dégradation ou à la modification de ces molécules. Notre méthode nous permet non seulement d'identifier les différentes bactéries pouvant jouer un rôle dans la santé mentale, mais également les mécanismes impliqués dans cette interaction", explique Mireia Valles-Colomer, première auteure de l'étude.

Les auteurs ont ainsi découvert que certaines bactéries produisent une molécule, la DOPAC, dérivée de la dopamine, et que cette production est liée à une meilleure qualité de vie (selon les critères du questionnaire).

Les analyses doivent être confirmées expérimentalement sur des individus, mais représentent un pas en avant important dans la compréhension de la communication entre le cerveau et l'intestin.

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