De la politique à la prévention de l'AVC

C’est l’histoire d’un homme politique local qui a voué sa vie à ses mandats. Jusqu’à ce qu’à l’âge de 43 ans, il soit victime d’un accident vasculaire cérébral sévère qui a fait basculer sa vie. Aujourd’hui, il a quitté toutes ses fonctions politiques pour se consacrer à la prévention. A vélo, à pied ou sur les marchés, il mène une campagne de sensibilisation contre ces attaques cérébrales qui touchent une personne toutes les 4 minutes en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Philippe Meynard mène aujourd’hui une vie paisible loin de l’agitation. Cet ancien maire de Barsac, en Gironde, a changé de vie car, il y a 3 ans, il a failli mourir.

"En pleine nuit, je me suis réveillé avec une envie de vomir ; ce n'était pas habituel, je ne tenais plus droit, plus debout, je n'avais plus d’équilibre", raconte l'ancien maire. "J’ai appelé le 15 et mon associé est venu tout de suite ; je lui ai dit « je crois que là, c’est mal barré»".

Cette nuit du 11 février 2014, Philippe est victime d’un AVC sévère. Inconscient, il est transporté d’urgence à l’hôpital de Bordeaux. Sa vie, à l’époque, était rythmée par son travail. A la fois maire et conseiller régional, il ne comptait plus ses heures… jusqu’à cet accident.

Une suractivité permanente

"C’était une vie complètement déréglée, avec du stress permanent, avec de la suractivité permanente, des rapports de force permanents", fait remarquer l'ancien élu. Selon lui, "ça ne pouvait que conduire à un accident de santé".

Deux mois d’hospitalisation, huit mois de rééducation : sans relâche, Philippe se bat pour se remettre sur pied... et remarcher. A Bordeaux, il est toujours suivi, tous les six mois, par François Rouanet, neurologue au CHU. C’est lui qui était de garde le soir de son AVC.

A cause de ce handicap invisible, Philippe a dû faire le deuil de son ancienne vie.

Du militantisme politique à l'engagement pour la santé

Au fil des consultations, son neurologue est devenu son ami.

Conscient d’avoir face à lui un patient un peu particulier, le Dr Rouanet lui demande de devenir l’ambassadeur d’une campagne de prévention contre l’AVC en nouvelle Aquitaine.

"C’était un militant dans sa vie d’avant : il était élu, responsable d’une mairie, élu au conseil régional", note le Dr Rouanet. "Le monde politique, c'est déjà un engagement pour les autres ; maintenant il s’est reconverti dans une autre politique, celle de la santé, qui est, pour moi, bien plus utile", fait remarquer le professionnel.

Il faut dire que Philippe consacre beaucoup d’énergie à la prévention : deux ans à peine après son AVC, il se lance sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Puis, en octobre dernier, il enfourche son vélo et roule sur plus de 1.000 km dans toute la région, profitant de chaque étape pour mener sa campagne. 

"Il dit qu’il se ménage, mais parfois je suis obligée de lui dire de se calmer parce que, sinon, il va recommencer", note le Dr Rouanet. "C’est son enthousiasme, son dynamisme, qui font qu’il s’investit beaucoup", précise-t-il.

A la rencontre de la population

L'ancien élu recycle donc ses compétences politiques contre l’AVC. Sur le marché de Langon, dans la région bordelaise, il organise des cafés, il tracte ; mais son discours est devenu médical. 

"Les trois quart des AVC touchent les plus de 65 ans", précise-t-il à ses interlocuteurs du marché. " Si l’un de vous voit un affaissement du visage, une difficulté à parler ou l’affaissement d’un bras, des problèmes sur une jambe, il est fort probable que ce soit un AVC ; il faut donc appeler le 15 tout de suite", rappelle-t-il.

Philippe propose aussi de contrôler la tension artérielle des passants, car l’hypertension est le premier facteur de risque de l’AVC. Il fait ainsi de la prévention, dans une ambiance conviviale, loin du cabinet médical.

"Je ne suis pas médecin, mais je peux être le petit-fils qui parle à sa grand mère", fait-il remarquer. Pour lui, cette façon de procéder", installe une certaine confiance, une certaine connivence". D'abord parce qu'il a un AVC : "je sais de quoi je parle, donc y a une écoute". Ensuite, parce que, sur ce marché, beaucoup de gens le connaissent.

Cette seconde vie, cette seconde chance, Philippe la consacre aux autres.

En mai 2017, il embarquera à bord d'un voilier, entre les sables d'Olonne et Bordeaux. Chaque escale sera alors consacrée à la prévention.