Cancer de la prostate : des IRM plus précises pour réduire le nombre de biopsies inutiles

Les progrès de l'imagerie permettent d'affiner les diagnostics de cancers de la prostate, et réduire le nombre de biopsie réalisées inutilement, selon des travaux britanniques publiés ce 20 janvier dans The Lancet.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Des chercheurs britanniques ont essayé de déterminer si les informations offertes par les IRM les plus modernes – dites multiparamétriques, ou IRM-MP – pouvaient offrir aux médecins des informations suffisamment fiables sur les masses suspectes dans la prostate pour orienter la décision de réaliser, ou non, une biopsie. Les IRM-MP fournissent des informations sur la taille du cancer, la densité de ses cellules et ses liens avec la circulation sanguine. Des éléments qui peuvent, théoriquement, aider à distinguer les cancers agressifs nécessitant une biopsie immédiate et un traitement, de ceux considérés comme a priori inoffensifs.

Aujourd’hui, la biopsie de la prostate (un prélèvement d'un petit fragment de la glande) est proposée aux patients dont les prises de sang des nivaux élevés d'une substance produite par la prostate (test PSA). De tels niveaux sont en effet atteints en cas de cancer, mais également lors de pathologies bénignes (adénome, prostatite...). En outre, il existe plusieurs formes de cancers de la prostate, et toutes ne sont pas agressives. Or, ces biopsies peuvent entraîner des douleurs, des saignements et de sérieuses infections, alors mêmes qu’elles échouent parfois à identifier la masse cancéreuse "La biopsie actuelle peut être inexacte parce que les échantillons de tissus sont pris au hasard", juge le Dr Hashim Ahmed, co-auteur des travaux.

Des résultats concluants

Dans l'étude, publiée dans The Lancet, 576 hommes suspectés d'être atteints de cancer de la prostate ont bénéficié une IRM-MP dans 11 hôpitaux publics britanniques, suivis de deux types de biopsies. La première biopsie était destinée à évaluer l’exactitude des conclusions de l'examen d’IRM-MP, dans le cadre de l’étude. La seconde était une biopsie standard.

Le suivi des patients a montré que les deux cinquièmes présentaient un cancer agressif. L’IRM-MP avait permis de diagnostiquer 93% d’entre eux, là où la biopsie standard n’avait vu juste que dans 48% des cas.

"Nos résultats montrent que l'IRM-MP devrait être utilisé avant la biopsie [pour identifier les hommes qui ont des cancers inoffensifs et n'ont pas besoin d'une biopsie immédiatement]", selon le Dr Ahmed . Ils devraient cependant continuer à avoir un suivi médical. Utiliser l'IRM et la biopsie "pourrait réduire le sur-diagnostic de cancers inoffensifs de 5%", estime-t-il.

Invité à commenter ces premiers résultats, le Pr Arnauld Villers, chef du département d'urologie de l'hôpital universitaire régional de Lille, a jugé que ces résultats "pourraient changer la pratique clinique". Si ces résultats venaient à être confirmés, il s’agirait-là "d’une base solide" pour une nouvelle façon de diagnostiquer le cancer de la prostate, avec moins de biopsies et de surdiagnostic.

Un deuxième essai clinique supervisé par la fondation britannique Cancer Research UK, qui recrute actuellement des volontaires, cherchera à valider les résultats de l'étude.

avec AFP