Ces anti-inflammatoires à proscrire absolument après le 5e mois de grossesse

Dès la 22e semaine de grossesse, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, kétoprofène... et même certains dosages d’aspirine) sont contre-indiqués, car potentiellement toxiques pour le fœtus. Un fait largement ignoré, déplore l’ANSM.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

"Même après une seule prise", les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) entrainent "un risque d’atteintes rénale et cardio-pulmonaire qui peuvent être irréversibles voire mortelles pour le fœtus et/ou le nouveau-né" rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué paru le 26 janvier 2017.

Ce fait n’est pas une nouveauté, et constitue depuis longtemps une contre-indication claire à cette classe d’anti-inflammatoires, couramment utilisés en cas de douleurs, fièvres, inflammations articulaires.

Or, selon l’évaluation d’un centre régional de pharmacovigilance français (CRPV), réalisée sur la base des données l’Assurance Maladie, des médecins prescrivent encore ces médicaments après la 22e semaine de grossesse (24e semaine d’aménorrhée, c'est-à-dire d'absence de règles). Selon les chiffres communiqués par l’ANSM au Magazine de la Santé qui a accédé aux résultats de l'évaluation, de 5.000 à 6.000 femmes recevraient chaque année de telles prescriptions. Or, selon l’ANSM, les situations qui justifieraient cette stratégie thérapeutique sont rares[1].

L’arbre des prescriptions, la forêt de l’automédication

Mais ce chiffre n’est que celui des prescriptions, et dissimule celui – beaucoup plus difficile à estimer – de l’automédication.

L’ANSM se veut claire : tous les AINS (y compris l’aspirine si sa posologie est supérieure à 100 mg par jour) sont contre-indiqués dès la fin du 5e mois de grossesse, qu’ils soient sur prescription médicale ou en vente libre, quelle que soit la durée de traitement et la voie d’administration : notamment orale, injectable, et cutanée. L’agence souligne les cas particuliers du célécoxib (Celebrex®) et l’étoricoxib (Arcoxia®), contre-indiqués durant toute la durée de la grossesse.

"D’une façon générale", l’ANSM rappelle "la nécessité de réévaluer tout traitement médicamenteux pendant la grossesse. En particulier, jusqu’au 5ème mois de grossesse, les AINS ne doivent être utilisés que lorsqu'ils sont indispensables, à la dose efficace la plus faible et pendant la durée la plus courte".

Si vous avez pris un AINS après votre 5e mois de grossesse, "même une seule fois", l’ANSM préconise de prévenir et de consulter très rapidement votre gynécologue ou votre médecin traitant. "Lui seul peut juger de la conduite à tenir", conclut l’agence.

 

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[1] Dans un document d’information à destination du grand public, l’ANSM note que "dans des situations très rares et particulières, [le] gynécologue, [le] cardiologue ou [le] médecin traitant peut [prescrire] ces médicaments et ce même après le début du 6e mois de grossesse. Dans ce cas, respectez strictement l’ordonnance et les consignes de votre médecin (traitement et surveillance)".

Il existe deux grandes familles d'anti-inflammatoires, les corticoïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, dont parle cet article. L'aspirine et l'ibuprofène (Nurofen®, Spedifen®,…) sont les plus connus puisqu'ils sont en vente libre en pharmacie, mais il existe de nombreuses molécules, obtenues sur ordonnance.

Ces derniers sont "déconseillés" entre la 10e et la 22e semaine de grossesse (respectivement les 12e et 24e semaines d’aménorrhée, c'est-à-dire d'absence de règles), et formellement "contre-indiqués" au-delà.