De l'activité physique même pour les tout-petits !

Le manque d'activité physique a des conséquences désastreuses sur la santé physique et psychique des enfants de moins de 4 ans.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
De l'activité physique même pour les tout-petits !

"Aujourd’hui, on met une tablette dans les mains des enfants dès qu’ils sont tout petits, mais on ne leur fait pas pratiquer d’activité physique", s’alarme le Dr Michèle Arboy-Lehmann, pédiatre et membre du collectif Surexposition Ecrans. Une situation contre laquelle la société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE) entend lutter. Les enfants de moins de 4 ans doivent en effet, selon la SCPE, "adopter un mode de vie actif et maintenir un équilibre au quotidien entre les activités physiques, les comportements sédentaires et le sommeil". Aussi publie-t-elle, mercredi 20 décembre, des directives sur l’exercice des enfants en bas âge, qu’elle a classés en trois catégories : les nourrissons (moins de un an), les tout-petits (de 1 à 2 ans) et  les enfants en âge pré-scolaire (de 3 à 4 ans).

Jouer avec son enfant... sans écran !

Pour les premiers, la SCPE recommande des jeux interactifs au sol, et un sommeil compris entre 12 et 17 heures par jour. Pour les deuxièmes, elle met l’accent sur un sport adapté aux bébés, soit "180 minutes réparties au cours de la journée d’activités physiques de type et d’intensité variés". Elle alerte par ailleurs sur le danger des écrans, dont l’exposition doit être limitée à une heure par jour pour les enfants de deux ans, et interdite pour les bébés plus jeunes. Enfin, entre 3 et 4 ans, il est recommandé de faire pratiquer aux enfants, là encore, au moins 180 minutes d’activités physiques par jour.

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Pour ceux qui se demanderaient à quels sports un bébé peut s’atteler, la SPCE est claire : les nourrissons peuvent "passer du temps sur le ventre, atteindre et saisir des objets, pousser et tirer, et ramper". Les parents sont quant à eux encouragés à "lire, raconter une histoire, chanter, faire des casse-têtes", de façon à habituer les enfants en bas âge aux comportements interactifs sans écran. En outre, la SPCE insiste sur l’importance de la qualité du sommeil pour les petits, et sur l’instauration et le respect d’un "rituel du coucher apaisant".

Une explosion des troubles autistiques chez les enfants

D'après la SPCE, suivre ces conseils améliorerait la croissance, la condition physique  cardiorespiratoire et musculosquelettique, le développement cognitif, la santé psychosociale et  le développement moteur des enfants. "Le manque d’activité physique chez les enfants en bas âge, c’est un problème très actuel", explique le Dr Michèle Arboy-Lehmann. "Certains, en petite section, sont amenés à l’école en poussette, alors qu’ils peuvent marcher !", poursuit la pédiatre. Pour le Dr Arboy-Lehmann, les conséquences du manque d’activité physique, couplé à la surexposition aux écrans, a des conséquences dramatiques sur le développement des bébés et des enfants : "Cela peut provoquer des retards de langage, mais aussi des troubles du comportement, du sommeil, de l’alimentation ou de l’interaction. On constate par ailleurs, depuis quelques années, une explosion des troubles autistiques chez les enfants."

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Selon le Dr Arboy-Lehmann, il ne faut surtout pas exposer ses enfants aux écrans avant l’âge de 3 ans. Et il faut les faire bouger ! "Trop d’enfants restent confinés à la maison. Mais dès qu’ils le peuvent, ils ont besoin de marcher, de parler, de courir. Pourtant, à l’heure actuelle, ce n’est pas la tendance", déplore-t-elle. Et de conclure : "J’ai déjà vu des parents qui, dès le 24e mois de leur enfant, lui offrent une tablette ! Alors ils sont très contents, car il arrive à faire défiler l’écran, et ils se disent que leur enfant est génial. Mais bien souvent, il ne sait toujours pas parler, et c’est alarmant."