Grève des médecins hospitaliers : à quoi faut-il s'attendre dans les hôpitaux ?

Deux syndicats hospitaliers appellent à deux grèves lundi 3 et mardi 4 juillet. Ils dénoncent le manque d’attractivité de la profession et réclament une revalorisation des gardes de nuit.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Les conséquences de ces grèves devraient être limitées pour les patients
Les conséquences de ces grèves devraient être limitées pour les patients  —  Shutterstock

Manque de moyens, sous-effectif, manque de lit, heures supplémentaires, fatigue… C'est pour dénoncer tous ces dysfonctionnements que les médecins de l'hôpital public sont appelés à faire grève lundi 3 et mardi 4 juillet. Ce mouvement ne devrait toutefois que faiblement perturber les soins.

Des négociations au point mort

Les syndicats de médecins dénoncent le manque d'attractivité de leur profession et demandent la revalorisation des gardes de nuit et de week-end. Ils réclament notamment l'aboutissement de négociations annoncées par Emmanuel Macron, qui avait promis, début janvier, d'"ouvrir le chantier de la rémunération du travail de nuit" et de la "permanence" des soins (c'est-à-dire des gardes et astreintes).      

Des négociations ont eu lieu avec le ministère de la Santé et de la Prévention mais elles sont au point mort depuis mi-mai.      

Selon le cabinet du ministre François Braun, un plan global est bien en préparation pour redonner de l'attractivité à la carrière hospitalière. Mais il est en attente d'arbitrages "interministériels" avec Bercy et Matignon. "La conviction personnelle du ministre de la Santé, c'est que la problématique d'attractivité dans les services hospitaliers est intimement liée au travail de nuit, pour les personnes médicaux et non médicaux", affirme la même source.      

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Deux grèves différentes, des mêmes revendications

Deux intersyndicales différentes appellent à la grève, l'une lundi 3, l'autre mardi 4 juillet.

L'appel pour lundi 3 juillet émane d'Actions praticiens hospitaliers, qui comprend notamment l'organisation Samu Urgences de France (SUdF), dont François Braun était président jusqu'à son arrivée au ministère de la Santé.

Ces organisations n'avaient pas signé les accords du Ségur de la santé, en juillet 2020, sur la revalorisation des salaires à l'hôpital. À la différence d'Alliance Hôpital et de l'INPH (Intersyndicat des praticiens hospitaliers) qui appellent, eux, à la grève mardi 4 juillet.      

Globalement, les revendications sont proches : revalorisation des gardes, mesures destinées à rendre la grille salariale plus attractive.

Les patients devront attendre dehors

"La profession de praticien hospitalier est devenue un véritable repoussoir", estiment Alliance Hôpital et l'INPH. "Un grand nombre de collègues de toutes les disciplines et de tous les âges démissionnent".     

Les conséquences de ces grèves devraient être limitées pour les patients car la plupart des médecins grévistes n'arrêtent pas vraiment le travail. "Il y aura peut-être quelques consultations ou interventions reportées", avance la docteure Rachel Bocher, présidente de l'INPH et cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes.

Samu Urgences de France prévoit de son côté une opération "zéro brancards dans les couloirs" pour les services des urgences, indique le docteur Marc Noizet, président du syndicat. Les patients (hors urgence critique) devront attendre à l'entrée du service si celui-ci dépasse sa capacité nominale d'accueil. "Nous voulons que les gens se rendent compte à quoi vont ressembler les Urgences" si le départ des médecins de l'hôpital continue, ajoute-t-il.      

"Nous n'arrivons plus à recruter"

Aujourd'hui, 30% des postes de médecins hospitaliers sont vacants, pourvus par des intérimaires ou des médecins étrangers, selon les chiffres de la Fédération des hôpitaux publics (FHF).       

Le nombre de candidats au concours de praticiens hospitaliers a encore baissé au printemps 2023, avec 3 364 candidatures reçues pour 10 846 postes vacants publiés, contre 4 056 candidatures un an avant, selon les chiffres officiels. "Nous n'arrivons plus à recruter, hormis les jeunes médecins qui sortent d'études", déclare le Dr Noizet.

"Et les jeunes qui arrivent se mettent de plus en plus à temps partiel, pour maintenir leur qualité de vie", a-t-il complété. "S'ils restent à temps plein, ils vont en réalité travailler à 120, 140% (du temps normal). En se mettant à 70%, ils vont faire un temps normal".

Les syndicats de médecins hospitaliers seront reçus mardi 4 juillet au ministère, a annoncé le cabinet de François Braun.

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