DMLA : apprendre à voir autrement grâce à la rééducation visuelle

Des séances d’orthoptie et d’ergothérapie peuvent aider les patients atteints de DMLA à retrouver de l’autonomie dans leurs activités. Le principe : optimiser la vision résiduelle et s'appuyer sur les autres sens.

Delphine Renault
Rédigé le , mis à jour le
Reportage DMLA Rééducation et autonomie
DMLA : retrouver de l'autonomie grâce à la rééducation  —  Le Mag de la Santé - France 5

Béatrice ne peut plus compter sur sa vue. Pour se déplacer, elle a désormais besoin du toucher. Depuis trois ans, elle souffre en effet d’une DMLA, une dégénérescence maculaire liée à l’âge.

"Je l'ai
très mal vécu les deux premières années, maintenant, je commence à m’y habituer, je l'ai admis", reconnaît Béatrice, 85 ans.

Apprendre à voir autrement

Pour compenser cette perte, Béatrice suit depuis deux mois, une rééducation intensive. Chaque jour, avec l’orthoptiste, pendant une heure, elle apprend de nouvelles stratégies visuelles. La lecture était devenue impossible pour Béatrice. Sa vision centrale étant touchée, elle réapprend à lire en changeant l’orientation de son regard.

Béatrice enchaîne les exercices avec un seul objectif : apprendre à voir autrement pour retrouver de l’autonomie. "Je vais faire des pages d’écriture comme ça pour essayer de réécrire, ça fait deux ans que je ne prends plus de crayon, que je n’écris plus", se désole Béatrice.

"Il faut de toute façon essayer de développer un maximum de potentiel visuel résiduel et puis le stimuler une fois qu'il est là", explique Lorène Bale, orthoptiste à l'institut Aramav, à Nîmes.

"Casser le cercle vicieux de la basse vision"

Grâce à ces exercices, petit à petit, Béatrice retrouve confiance en elle et en ses capacités."Ce qu'on cherche ici à faire, c'est casser le cercle vicieux de la basse vision" commente le Dr Luc Jeanjean , ophtalmologue à l'institut Aramav. 

"Quand un patient voit moins bien, quand il va sortir, il va être mis en échec, il va tomber, se cogner. Il ne va pas reconnaître le visage de son voisin ou de ses amis et il va s’autolimiter. Le manque de stimulation va encore baisser ses capacités. On va essayer de briser ce cercle vicieux pour augmenter au maximum le potentiel du patient", poursuit-il.

Développer un "regard tactile"

Dans ce centre, Béatrice apprend aussi à développer un autre sens, le toucher, avec un ergothérapeute. Elle réapprend ainsi la valeur des pièces grâce à leur texture et espère pouvoir refaire ses courses sans crainte de se tromper dans sa monnaie.

"Les informations sont à la fois visuelles et d'ordre tactile. Elles vont effectivement pouvoir créer une image au niveau du cerveau qui est beaucoup plus fiable et beaucoup plus précise que lorsqu'on utilise uniquement son potentiel visuel. Ici, on parle de regard tactile", confie Xavier-Michel Lucas, ergothérapeute à l'institut Aramav.

Béatrice devra poursuivre cette rééducation encore quelques semaines afin de consolider ses nouveaux acquis et de se sentir à l’aise avec "cette nouvelle façon de voir".