Mont-Blanc : les alpinistes se dopent-ils ?

Chaque année, près de 30.000 alpinistes tentent l'ascension du Mont-Blanc. Un projet périlleux qui demande une bonne condition physique et une préparation sérieuse. Et pourquoi pas une aide médicamenteuse ? Des chercheurs ont voulu savoir si les alpinistes prenaient des médicaments pour gravir le plus haut sommet d'Europe et quel pouvait être l'impact sur leur santé, en altitude.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le Mont-Blanc est le point culminant de la chaîne des Alpes. Chaque année, des alpinistes venus du monde entier partagent le même rêve, gravir le plus haut sommet d'Europe. Pour relever le défi, ces grimpeurs prennent-ils des produits dopants ? C'est à cette question que des chercheurs ont voulu répondre.

"On a imaginé une technique totalement innovante, à savoir collecter des échantillons d'urine à partir d'un urinoir à l'insu des gens. Tout en respectant un strict anonymat pour ne causer aucun tort aux gens qui participaient à l'étude sans le savoir", explique Paul Robach, chercheur en physiologie. Au total, 430 échantillons ont été collectés dans deux refuges différents fréquentés par les alpinistes.

Médicaments contre le mal des montagnes et somnifères

Après analyses, pas de produit dopant dans les échantillons d'urine mais plus du tiers des grimpeurs en route pour le Mont-Blanc prennent des médicaments : "Les deux molécules retrouvées le plus fréquemment sont le Diamox® qui est un diurétique qui permet de diminuer les symptômes du mal des montagnes et des somnifères, à savoir des hypnotiques qui favorisent l'endormissement au refuge, probablement car les alpinistes ont peur de mal dormir et d'avoir une baisse de leurs performances le lendemain".

L'utilisation de médicament contre le mal des montagnes pourrait diminuer si les alpinistes prenaient du temps pour s'acclimater en altitude naturellement. Quant à la prise de somnifères, le manque d'oxygène en altitude peut causer des insomnies, il n'est donc pas facile de se passer de médicaments avant une ascension.

Comprendre l'impact du manque d'oxygène sur le cerveau

À Grenoble, une équipe cherche à savoir si la prise de somnifères pendant l'ascension du Mont-Blanc peut mettre en danger l'alpiniste. Vingt-deux volontaires ont passé deux nuits à 3.842 mètres d'altitude à l'aiguille du midi et deux nuits en plaine à Grenoble. Chaque volontaire a pris un somnifère ou un placebo à 22 heures avant de se coucher. À 1 heure du matin, tels des alpinistes prêts à gravir le Mont-Blanc, les participants ont été réveillés pour réaliser des tests.

Les résultats de l'étude seront connus dans quelques semaines. Ils devraient permettre de mieux comprendre l'impact du manque d'oxygène sur le cerveau dans certaines pathologies respiratoires comme l'apnée du sommeil.