Le foetus, en communion avec les émotions de sa mère

Nos émotions se transmettent aux autres, comme un virus. C'est ce qu'on appelle la « contagion émotionnelle ». Mais cette contagion commence très tôt, déjà dans le ventre de la mère. Les explications de Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Nous savons aujourd’hui que les émotions d’une femme enceinte imprègnent le petit être intra-utérin que nous avons tous été.
Les recherches montrent qu’une femme enceinte et qui est bien dans ses baskets produira des hormones maternelles liées à son état émotionnel de bien-être. Ces hormones se retrouveront en surproduction dans le liquide amniotique, signe que la maman aura transmis ses émotions positives au fœtus. A contrario, qu'elle soit angoissée, et elle accélérera le cœur de son petit locataire, qui baignera alors dans la peur.

Le fœtus : « perméable » à l’état émotionnel de la mère.

Le fœtus n'est pas entièrement protégé par la frontière placentaire : une enzyme particulière censée « convertir » le cortisol (hormone du stress) maternel en cortisone (inerte), ne fait pas son job parfaitement quand la maman angoisse vraiment.
Des chercheurs ont effectivement prélevé le liquide amniotique de 267 femmes enceintes. Ils ont constaté que le taux de cortisol y est presque toujours aussi élevé que celui présent dans le sang de la mère.


Et plus la période de stress est longue chez la femme enceinte, plus le niveau de cortisol augmente dans le fluide amniotique. Les individus ayant été fortement imbibés du stress de leur mère durant la vie fœtale risquent ainsi d'en subir les effets plus tard.
Ce qui est encore plus surprenant c’est que la transmission du stress de la mère à l’enfant se joue même avant la conception
Les chercheurs ont constaté qu'une mère ayant vécu dans son passé une expérience traumatisante ou qui avait subi un stress chronique, peu de temps avant de tomber enceinte, donnait souvent naissance à des enfants plus stressés que la moyenne, ce qui avait une incidence sur leur développement cérébral et corporel.


Dans le même sens, des chercheurs ont fait vivre à des rates au cours de leur adolescence et avant qu'elles ne s'accouplent, des situations stressantes répétées et imprévisibles (comme des changements de température). Comparées à des femelles ayant eu une vie plus tranquille, ces rates angoissées exprimaient davantage un gène impliqué notamment dans la sécrétion d'une hormone du stress, dans le cortex frontal et les ovules ; elles donnaient ensuite naissance à des ratons présentant eux-mêmes une surexpression de ce gène au niveau du cortex frontal.

Mais que les mamans ne culpabilisent pas ! Premièrement, les pères transmettent, eux aussi, du stress. Ainsi des expériences menées sur des rats mâles ont révélé que les angoisses paternelles sont tout autant transmissibles, probablement à travers des modifications dans le génome des spermatozoïdes des parents mâles, et ce pendant au moins deux ou trois générations ! Deuxièmement, la contagion maternelle comme paternelle, ne l'oublions pas, peut être positive.
Et enfin : rien n'est irréversible et l’éducation peut changer beaucoup de choses !