Son coeur s'arrête 17 fois : il se réveille sans séquelle neurologique

Un jeune Britannique de 41 ans a fait 17 arrêts cardio-respiratoires successifs en l'espace de quelques minutes, alternant arrêts et "réanimations" avant d'être complètement réanimé. Son réveil, sans aucune séquelle neurologique, est assez exceptionnel quand on sait que la moyenne de survie après un arrêt cardiaque en France est d'environ 5,5%.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Son coeur s'arrête 17 fois : il se réveille sans séquelle neurologique

Il se réveille sans séquelle après 17 arrêts cardiaques successifs

John Gilmartin, jeune homme de 41 ans sans antécédent particulier, est chez lui avec sa femme, quand soudain, il ne se sent pas bien et éprouve une sensation de chaleur importante. En quelques secondes, John Gilmartin perd connaissance devant sa femme, s'écroule et arrête de respirer. Il est en arrêt cardio-respiratoire. Sa femme a le réflexe de lui faire un massage cardiaque externe en attendant l'arrivée des secours. A leur arrivée, les sauveteurs lui posent un défibrillateur sur la poitrine et lui administrent un choc électrique externe pour faire repartir son cœur.

John a du bénéficié de plusieurs chocs électriques. Après chaque choc, son cœur redémarrait et s'arrêtait à nouveau pour s'arrêter 17 fois au total. Il a finalement repris conscience en salle de réanimation de l'hôpital Royal Derby où il a été accueilli. Au réveil : aucune séquelle neurologique. Les médecins se réjouissent de cette prise en charge et de son réveil sans séquelle, mais ce cas est tout à fait exceptionnel.

Le Dr Gérald Kierzek, urgentiste à l'AP-HP, nous explique : "Je ne suis pas surpris que les médecins sur place lui aient administrés autant de chocs électriques et que le patient se soit réveillé sans séquelle neurologique. Ce patient est jeune, sans antécédent. Sa femme lui a administré les premiers soins quasi instantanément après son arrêt cardiaque en le massant. Le risque de séquelles neurologiques était faible. En massant son mari, elle a permis l'oxygénation de son cerveau.

"En cas d'arrêt d'oxygénation cérébrale, la perte des cellules est irréversible. On sait qu'une minute d'absence de massage cardiaque correspond à 10% de survie en moins. Au bout de 10 minutes, la destruction des cellules cérébrales est totale et irréversible. Les médecins sur place avaient beaucoup d'arguments pour poursuivre cette réanimation : jeune âge du patient, pas d'antécédent, début du massage cardiaque instantané donc peu de risques de séquelles neurologiques.

"Chez les sujets jeunes, il y a une tendance actuelle à pousser beaucoup plus loin la réanimation (plus de 30 minutes) surtout si on a des arguments forts à le faire, comme c'était le cas de ce patient. Il arrive parfois que l'on provoque une dizaine de chocs électriques à des patients qui ont été pris en charge rapidement et dont les séquelles neurologiques seront statistiquement faibles.

"En résumé, ce qui est important dans la prise en charge de l'arrêt cardiaque, ce sont la rapidité et l'efficacité des premiers soins prodigués, suivis bien sur de la prise en charge médicale. Le facteur pronostic majeur de survie est l'absence d'interruption de l'oxygénation du cerveau. Quand la chaine de survie se met en place rapidement pour masser très vite, il n'y a pas d'interruption de l'oxygénation du cerveau et les séquelles neurologiques sont potentiellement moindres", conclut-il

Privilégier le massage cardiaque

La femme de John Gilmartin a eu le bon réflexe de lui faire instantanément un massage cardiaque, qui lui a épargné des complications neurologiques. Ce geste est primordial quand on se retrouve face à un arrêt cardio-respiratoire. Le massage cardiaque permet d'effectuer manuellement le travail de la pompe cardiaque et de reperfuser les organes nobles, notamment le cerveau, en leur apportant du sang. De nombreuses études ont montré que le massage cardiaque est un facteur prédictif de survie. Plus le massage est entrepris tôt, moins les séquelles neurologiques sont importantes.

Il doit être effectué par cycles de 30/2 : 30 compressions thoraciques à un rythme de 100 battements par minutes, suivis de 2 insufflations d'air en comprimant les narines. On considère que quelqu'un qui n'a jamais pratiquer le massage cardiaque doit le faire sans interruption jusqu'à l'arrivée des secours et ne pas tenir compte des cycles 30/2 (plutôt pratiqués par les secouristes).

Les urgentistes s'amusent à dire que la fréquence du massage de 100 par minute équivaut au rythme de la musique "Staying Alive" des Bee Gees. La British Heart foundation a même utilisé ce tube pour sa campagne de sensibilisation sur le massage cardiaque. Nous vous invitons à simuler le geste du massage cardiaque sur ce rythme, vous verrez, ça marche!

Avant d'entreprendre le massage, prevenez directement les secours en composant le 15. Si un témoin est avec vous, demandez lui d'appeler.

Les nouvelles recommandations préconisent de favoriser le massage cardiaque, au détriment des insufflations d'air (surtout quand on ne sait pas le faire). Donc si vous êtes un novice et que vous vous retrouvez face à une personne qui perd connaissance, qui ne bouge plus et qui ne respire plus, massez-le jusqu'à l'arrivée des secours, sans vous arrêter ! Il est bien évident que le massage doit être effectué de façon rigoureuse pour ne pas provoquer des lésions supplémentaires comme des fractures de côtes ou un pneumothorax. N'hésitez pas à vous former, vous sauverez peut-être une vie.

Même si on sait que le pourcentage de survie en France d'arrêt cardiaque est minime (5,5%), cela représente quand même en valeur absolue, environ 50.000 personnes.

La deuxième chose à faire après avoir commencé à masser est de trouver un défibrillateur. Si un autre témoin est près de vous, envoyez-le chercher un défibrillateur. En aucun cas vous ne devez vous arrêtez de masser. Si vous êtes seul, privilégiez le massage! L'utilisation du défibrillateur est très simple: posez les 2 électrodes sur le thorax de la personne et appuyez sur le bouton orange. Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez pas de vous électrocuter.

En résumé, si vous êtes face à une personne qui ne bouge plus, ne répond plus, ne respire plus :

  • appelez le 15 et dites "arrêt cardiaque" (ou demandez à quelqu'un de le faire) pour privilégier le massage ;
  • faites le massage cardiaque au rythme 30/2 (30 compressions puis 2 insufflations) ou en continu jusqu'à l'arrivée des secours si vous n'avez jamais pratiqué ;
  • envoyez quelqu'un chercher un défibrillateur. Si vous êtes seul, n'arrêtez pas le massage tant que les secours ne sont pas arrivés ;
  • posez le défibrillateur et envoyez un choc électrique ;
  • poursuivre le massage même après le choc tant que la personne est inconsciente, sans interruption, jusqu'à l'arrivée des secours.

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