Comment ne pas tomber entre les griffes d'un gourou thérapeutique ?

"Thérapeutes", "gourous thérapeutiques", "guérisseurs"… Autant de noms pour nommer ces "pseudo-thérapeutes", coupables de dérives sectaires, et contre lesquels la Miviludes sort un guide pratique.

Setti Dali
Rédigé le , mis à jour le
Comment ne pas tomber entre les griffes d'un gourou thérapeutique ?

Une promesse de guérison rapide, de bien être personnel, ou encore des stages de développement personnel… Attention, derrière ces propositions alléchantes, se cachent peut-être des sectes !

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s'est engagée à alerter les Français sur les risques de manipulation mentale qui caractérisent la profession des thérapeutes. Un guide pratique vient donc d'être publié à destination des professionnels de santé et des particuliers, visant à repérer les situations de danger, et proposer des outils pratiques afin de réagir en conséquences.

Selon ce guide, qui se décline en une série de fiches d'informations et de conseils, "la pratique thérapeutique devient sectaire lorsqu'elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée".

Ces "gourous thérapeutiques" ont d'ailleurs un domaine de prédilection : la santé. On estime aujourd'hui que 4 Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives ou complémentaires, dont 60 % parmi les malades du cancer. Plus de 400 pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique sont proposées. Si toutes ces pratiques ne sont pas forcément sectaires, la maladie est devenue une porte d'entrée rêvée pour ces pseudo-praticiens qui profitent de la souffrance ou de l'inquiétude des malades et de leur famille pour exercer sur eux une emprise.

"Les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent actuellement près de 25 % de l'ensemble des signalements reçus à la Miviludes, et leur nombre va croissant chaque année", souligne l'institution.

Argent et manipulation

Le premier élement qui doit alerter un patient, est l'endoctrinement. Le pseudo-praticien demande à son client d'abandonner les traitements conventionnels, jugés inutiles, car lui seul détient la méthode "miracle " apte à le guérir. "Une sujetion psychologique qui peut conduire la victime à rompre petit à petit avec la médecine, puis avec sa famille et son environnement", explique la Miviludes.

"Le gourou thérapeutique va chercher à écarter tous ceux qui se mettent en travers de son chemin, accusés de retarder la guérison, voire même d'être à l'origine de la maladie", prévient le guide. C'est ainsi que le malade se retrouve sous la coupe de ce que la Miviludes appelle "les dérapeuthes", qui dans un second temps vont lui proposer la vente d'ouvrages, la participation à des stages payants ou à des retraites coûteuses.

Les méthodes les plus répandues

Le guide présente les méthodes les plus courantes, comme les "méthodes psychologisantes" qui visent à culpabiliser le patient dans le développement de sa maladie ou de son mal-être. "Ces pratiques émanent le plus souvent de groupes organisés à dimension transnationale ou de la multitude de gourous thérapeutiques isolés".

La Miviludes dénonce aussi les "psychothérapies déviantes", ou ce que l'on appelle "les faux souvenirs induits". Elles consistent à induire chez le patient de faux souvenirs, et donc à mieux le manipuler. Le patient se retrouve alors sous l'emprise de ces faux praticiens, et le plus souvent en rupture également avec sa famille, au motif par exemple de souvenirs d'inceste, de viol…

Le guide passe en revue d'autres méthodes : celles par massage (comme la fasciathérapie, la kinésiologie, etc.), celles qui vous invitent à ingérer des substances méconnues, ou encore celles "aux fins de prévention et de développement personnel ou les méthodes de réequilibrage de l'energie".

Publié à 4 000 exemplaires, ce guide pratique sera disponible en librairie, et également consultable en ligne.

Source : "Santé et dérives sectaires", Miviludes, le 11 avril 2012

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr :