Accidents du travail : les femmes plus exposées que les hommes

En dix ans, les accidents sur le lieu de travail ont globalement diminué en France, mais leur nombre a "nettement" augmenté chez les femmes, révèle une étude réalisée par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact).

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Entretien avec François Desriaux, rédacteur en chef de la revue ''Santé et travail''
Entretien avec François Desriaux, rédacteur en chef de la revue ''Santé et travail''

L'agence, dont les données ont été publiées par Le Monde.fr, a analysé du point de vue du genre les données de l'Assurance maladie concernant plus de 18 millions de salariés, et y a décelé "des différences d'évolution méconnues selon le sexe".

Les femmes sont plus exposées aux accidents que les hommes

Il en ressort que si le nombre d'accidents du travail a baissé de 13,8% entre 2001 et 2012 (de 737.499 à 640.891), en observant selon le sexe, les inégalités sont criantes avec une hausse de 20,3% pour les femmes et une baisse de 23,3% pour les hommes.

Dans le même temps, les accidents de trajet ont aussi augmenté de 15% pour les femmes et diminué de 9% pour les hommes (avec une hausse globale de +2,1% et 87.977 accidents en 2012), relève l'Anact.

Du côté des maladies professionnelles, l'augmentation a aussi été près de deux fois plus rapide pour les femmes (+169,8%) que pour les hommes (+91,2%). La progression globale a été de +123%, passant de 24.220 cas en 2001 à 54.015 en 2012.

Selon l'étude, en 2012, les accidents du travail ont concerné "nettement plus les hommes" (67,5%) que les femmes (32,5%), les accidents de trajet un peu plus les femmes (52,3%) que les hommes (47,7%) et les maladies professionnelles quasiment autant les deux sexes (51,1% les hommes et 48,9% les femmes).

Des risques sous-estimés pour les femmes

Par secteur, le BTP et les industries des transports, eau, gaz et électricité comptabilisent le plus d'accidents de travail pour les hommes. Du côté des femmes, les services de santé, le nettoyage, le travail temporaire et les services, commerce et industries de l'alimentation sont en tête.

Pour l'Anact, établissement public créé en 1973, l'exposition aux risques des femmes peut notamment avoir été sous-estimée dans certains métiers à prédominance féminine longtemps considérés comme "légers" par rapport à des métiers masculins "lourds" comme le BTP ou l'industrie.

L'agence relève que "les politiques de santé et sécurité au travail pourraient mobiliser ce regard [sur le genre] pour progresser dans la prévention" et notamment l'orienter dans certains secteurs.