Mediator® : première audience au tribunal, nouvelles écoutes téléphoniques

Dans les retranscriptions d'écoutes publiées dans le Journal du Dimanche, édition du 25 septembre 2011, Jean-Philippe Seta, le dauphin de Jacques Servier, évoque la succession du patriarche et un transfert des instances de décision du laboratoire aux Pays-Bas.

Cécile Guéry-Riquier
Rédigé le
Mediator® : première audience au tribunal, nouvelles écoutes téléphoniques

Nouvelle révélation dans l'affaire du Mediator®. Le Journal du Dimanche a publié dans son édition du 25 septembre 2011, des extraits d'écoutes réalisées dans le cadre de l'instruction judiciaire menée à Paris.

Le JDD retranscrit une conversation qui s'est tenue le 21 juin 2011 entre Jean-Philippe Seta, numéro 2 du groupe, et Jean-Philippe Gille, un jeune cadre de la direction juridique.

Dans cette conversation téléphonique, Jean-Philippe Seta rapporte les propos du fondateur Jacques Servier : "Écoutez, qu'on me propose vite une solution [...] qui me permettrait de transférer le pouvoir sans transférer une partie trop importante du capital et que cela nous coûte trop cher. Il a été direct, hein...", semble s'étonner Jean-Philippe Seta.

Celui-ci demande donc à son collègue de réfléchir à une solution, comme par exemple un transfert d'une partie de l'entreprise à l'étranger : "En gros, ce que m'a expliqué le Dr Servier, ce qui est évident pour lui, c'est une gouvernance avec une tête hollandaise, c'est impératif que le pouvoir ne soit plus en France..."

À 89 ans, Jacques Servier continue à contrôler son groupe sans partage. Depuis plusieurs années, il a désigné comme successeur Jean-Philippe Seta, médecin de formation, dans la maison depuis près de trente ans, sans pour autant lui abandonner de réels pouvoirs.

Jean-Philippe Seta sait qu'il ne faut pas brusquer Servier. "J'ai essayé un rôle de composition qui était l'idiot juridique de service même si c'est un peu un rôle de composition, bien évidemment, je ne voulais surtout pas avoir l'air d'avoir trop d'idées sur le sujet...", raconte-t-il à Jean-Philippe Gille.

Les laboratoires Servier n'ont pas pour le moment commenter cette information.

En revanche, l'avocat des laboratoires Servier a adressé à la Cour de cassation une requête demandant le regroupement des procédures judiciaires de Nanterre et de Paris.

Le tribunal correctionnel de Nanterre est saisi de plusieurs citations directes pour des faits de "tromperie aggravée" visant notamment le groupe Servier, son fondateur, ainsi que la société Biopharma qui a commercialisé le Mediator®. A Paris, trois juges d'instruction enquêtent sur des faits de "tromperie aggravée" "escroquerie" et "homicides involontaires". Jacques Servier et son groupe ont été mis en examen le 23 septembre 2011 pour "tromperie aggravée" et "escroquerie" dans le volet instruit à Paris.

Le regroupement des procédures permettrait d'obtenir la suspension de l'audience prévue lundi et mardi à Nanterre. La chambre devrait donner sa décision rapidement.

L'objectif de ces audiences est de consigner de nouvelles citations directes, de fixer un calendrier d'audiences et de dresser la liste des pièces et des personnes que les avocats entendent citer en vue du procès. Il pourrait se tenir au printemps 2012.

Le Mediator est un antidiabétique, largement prescrit comme coupe-faim, qui a causé entre 500 à 2 000 décès, selon plusieurs études. Ce médicament a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Cinq millions de malades l'ont utilisé.

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