Les réseaux de soins, une solution pour payer moins cher ?

Aujourd'hui un vaste débat entoure les réseaux de soins mis en place par les mutuelles. Après des mois de polémique avec les professionnels de santé, une proposition de loi sera discutée à l'Assemblée nationale dans les semaines qui viennent pour renforcer ces réseaux. Elle a déjà été approuvée par le Sénat. De quoi s'agit-il exactement ? Quel impact aura-t-elle pour les patients ? Les réseaux de soins sont-ils une menace pour notre système de soins ? Les explications avec Maroussia Renard, notre chroniqueuse économique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Chronique de Maroussia Renard du 8 octobre 2013
Chronique de Maroussia Renard du 8 octobre 2013

Les réseaux de soins ne sont pas nouveaux, ils existent depuis une dizaine d'années et aujourd'hui près de la moitié des Français ont une complémentaire proposant ce service, qui reste encore assez mal connu.

Le principe des réseaux de soins, c'est de faire baisser la facture de certains soins, ceux qui sont le moins bien remboursés par l'Assurance maladie, principalement l'optique, les prothèses dentaires et les audioprothèses. Pour cela, les complémentaires nouent des partenariats avec certains professionnels de santé qui s'engagent à réduire leurs tarifs tout en respectant des critères de qualité très précis et en contrepartie, ils ont la garantie d'avoir un afflux de clients.

Les réseaux de soins, un vrai plus pour les patients ?

Les réseaux de soins apportent un vrai plus aux patients. Si on prend l'exemple de l'optique, qui est le domaine où les réseaux sont le plus développés, les prix pratiqués par les opticiens membres de réseaux sont en moyenne 30% inférieurs à ceux du marché. L'optique est le seul domaine pour lequel il y a un chiffre officiel parce qu'il a été évalué par l'Autorité de la concurrence. Pour les autres, pour les prothèses auditives, le rabais peut aller jusqu'à 900 euros si on choisit un des professionnels membre du réseau.

Certaines complémentaires vont encore plus loin puisqu'en plus des tarifs négociés, elles proposent de mieux rembourser les patients qui choisissent un professionnel à l'intérieur du réseau. Non seulement le prix d'achat est plus intéressant et en plus le patient sera mieux remboursé...

Un remboursement différencié qui fait polémique

Il y a trois familles de complémentaires santé : les assurances, les instituts de prévoyance et les mutuelles. Or en théorie les mutuelles n'ont pas le droit de pratiquer des remboursements différenciés ce qui n'est pas vraiment justifié puisqu'elles proposent exactement les mêmes contrats de complémentaire santé que les deux autres types d'organismes. L'un des enjeux de la proposition de loi discutée en ce moment est donc de donner ce droit aux mutuelles.

A priori, c'est une disposition technique sans grande importance mais cela a littéralement mis le feu aux poudres. La plupart des professionnels de santé sont montés au créneau en expliquant que c'était une remise en cause inacceptable de la liberté de choix du praticien, un premier pas vers un système de soins à l'américaine avec des assurances privées. Les internes en médecine se sont même mis en grève l'hiver dernier pour protester contre ce texte.

Les réseaux de soins, une menace pour notre système de soins ?

Les spécialistes interrogés trouvent ces critiques assez démesurées. Concernant la question des remboursements différenciés, il faut bien comprendre que le patient qui va voir un opticien ou un dentiste hors réseau sera toujours remboursé, simplement ce remboursement peut être un peu meilleur s'il va chez un membre du réseau. On ne peut donc pas dire qu'il y ait une remise en cause de la liberté de choix du praticien. Rien n'oblige à utiliser ces réseaux et si cette idée vous révulse, vous n'êtes même pas obligé de choisir une complémentaire santé qui en propose.

Du côté des mutuelles, on peut comprendre qu'elles aient la volonté de peser sur les tarifs des soins parce que ces dernières années, il y a eu un véritable transfert des dépenses de santé de l'Assurance maladie vers les complémentaires. Le plus parlant, c'est l'optique. Aujourd'hui, quand on achète une paire de lunettes à 200 euros (prix moyen pour monture et des verres standards), la Sécu rembourse 5 euros, c'est-à-dire à peine 2%, les complémentaires remboursent en moyenne 148 euros et le patient paye de sa poche 47 euros, soit un quart du prix total.

Pour les prothèses dentaires et les audioprothèses, ce n'est pas mieux. Les montants remboursés par la Sécu sont dérisoires. Du coup, les remboursements des mutuelles explosent et elles en ont marre d'être des "payeurs aveugles" !

Des réseaux de soins encore en cours de développement ?

Compte tenu de la situation financière de la Sécu, on a du mal à croire qu'elle augmente ses remboursements dans un avenir proche. En attendant, les restes à charge pour les patients continuent à augmenter au point parfois d'être un facteur de renoncement aux soins. Du coup, les réseaux apparaissent comme une des solutions pour limiter ces dépenses.

D'ailleurs, tous les acteurs publics qui se sont penchés sur cette question, que ce soit la Cour des comptes, l'Autorité de la concurrence ou encore le Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance-maladie sont unanimes pour dire que ces réseaux contribuent à améliorer l'accès aux soins. Les associations de patients y sont aussi favorables. Evidemment il y a encore beaucoup de réticences du côté des professionnels de santé mais dans la proposition de loi, un amendement a déjà été adopté pour dire que les réseaux ne pourront jamais concerner les médecins, ni les kinés, ni les sages-femmes. Du coup, la colère s'est un peu apaisée...

Comment avoir accès aux réseaux de soins ?

Aujourd'hui, il existe six principaux réseaux qui regroupent chacun plusieurs complémentaires, on peut notamment citer : Santeclair, Itelis ou encore Carte Blanche. Mais beaucoup d'assurés ne savent même pas qu'ils ont accès à un réseau. N'hésitez donc pas à appeler un conseiller ou à vous rendre sur le site Internet de votre mutuelle pour vous renseigner.

Pour accéder à ces réseaux, il n'y a rien à payer en plus. En général ça coûte autour de deux euros par an, mais c'est compris dans votre cotisation annuelle, même pour les contrats entrée de gamme. A priori, vous n'aurez pas de mal à trouver un opticien, un dentiste ou un audioprothésiste agréé près de chez vous car les mutuelles ont évidemment le souci d'élaborer des réseaux qui couvrent tout le territoire. Sachez enfin que certaines mutuelles sont en train de développer des réseaux de diététiciens ou encore d'ostéopathes.

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