La dépression n'accroît pas le risque de cancer !

Broyer du noir prédispose-t-il à l'apparition de tumeurs ? Pour beaucoup de malades ayant eu un parcours de vie particulièrement éprouvant, ce lien est une quasi-certitude. Pourtant, après analyse des dossiers médicaux de 14.203 personnes suivies depuis 1989, des chercheurs français concluent que ce lien causal n'est rien moins... qu'une idée reçue !

Florian Gouthière
Rédigé le
La dépression n'accroît pas le risque de cancer - Les explications en vidéo avec le Dr Cédric Lemogne, l'un des auteurs de l'étude, psychiatre à l'hôpital européen Georges-Pompidou.
La dépression n'accroît pas le risque de cancer - Les explications en vidéo avec le Dr Cédric Lemogne, l'un des auteurs de l'étude, psychiatre à l'hôpital européen Georges-Pompidou.

Si vous passez en ce moment par un épisode dépressif, voilà assurément une occasion de vous réjouir : contrairement à certaines idées reçues, les souffrances psychologiques ne prédisposent en rien au cancer.

Cancer : la dépression n'est pas un facteur de risque

Telle est l'heureuse conclusion d'une étude épidémiologique de très grande envergure, réalisée par une équipe de chercheurs français rattachés à l'Inserm. Leurs travaux, publiés le 1er octobre 2013, dans The American Journal of Epidemiology, recoupent les données issues de vingt années de suivi médical de plus de 14.203 individus*.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs se sont référés aux diagnostics de dépression effectués entre 1989 et 1993 par des médecins à l’occasion d’arrêts de travail de membres de la cohorte, ainsi qu’aux données issues de questionnaires spécifiques d’évaluation tous les 3 ans pendant 15 ans (de 1994 à 2009).

Les épidémiologistes ont cherché à déterminer si les patients ayant vécu des épisodes dépressifs étaient proportionnellement plus nombreux à avoir développé un cancer que le reste des membres de la cohorte.

Nul lien de causalité n'a pu être établi, quelle que soient l'ancienneté, la durée ou l'intensité des épisodes dépressifs considérés, pour aucun des cinq types de cancer suivis dans cette étude (prostate, sein, côlon, cancer associé au tabac, et cancer des organes lymphoïdes ou hématopoïétiques).

Un risque accru de mortalité par cancer

En conclusion de leur étude, les chercheurs n'oublient pas de rappeler que l'annonce d'un cancer peut, elle, bel et bien susciter des symptômes dépressifs. "[Or], si elles ne sont pas responsables de la survenue d'un cancer, les maladies mentales [sont] associées à un risque plus important de mortalité par cancer", notent les chercheurs dans un communiqué. "Les personnes en situation dépressive pourraient avoir tendance à négliger leur santé ou avoir du mal à être prises au sérieux. Si cela aboutit à un retard au diagnostic, ces personnes pourraient, à risque égal, arriver trop tard dans la prise en charge d'un cancer."

"Dans l'avenir", concluent-ils, "il sera aussi important de redéfinir l'accompagnement médical des personnes souffrant de troubles mentaux."

*L'étude a été réalisée sur une cohorte de 14.203 personnes enrôlées depuis 1989 dans le programme GAZEL.

Source : Depression and the risk of cancer: A 15-year follow-up study of the GAZEL cohort, Lemogne et coll. The American Journal of Epidemiology 2013

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