La chirugie ambulatoire pour faire des économies : le bémol des associations

Marisol Touraine a détaillé vendredi 25 avril 2014 un plan d'économie de 10 milliards d'euros pour réduire les dépenses de santé. La ministre de la Santé assure cependant que les coupes budgétaires ne pèseront pas sur la qualité de la prise en charge des patients, ni sur les taux de remboursement. Le gouvernement entend notamment s'attaquer aux dépenses inutiles, développer les synergies entre médecine de ville et hôpital ainsi que la chirurgie ambulatoire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien en vidéo avec Arnaud De Broca, secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH)
Entretien en vidéo avec Arnaud De Broca, secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH)

Le gouvernement s'attaque aux "dépenses inutiles" autour de quatre axes principaux :

  • 3,5 milliards d'euros : baisse des prix des médicaments et le développement des génériques
  • 2,5 milliards d'euros : réduction des actes médicaux inutiles
  • 2 milliards d'euros : meilleure gestion des hôpitaux
  • 1,5 milliards d'euros : coopération entre médecine de ville/hospitalière et le développement de la chirurgie ambulatoire
  • 500 millions d'euros : lutte contre la fraude

Pour Arnaud De Broca, secrétaire général de la FNATH, l'association des accidentés de la vie, "c'est un plan plutôt intéressant pour les patients. Il n'y a pas de franchise, pas de nouveau déremboursement. Il n'y a pas d'autre taxe, alors que depuis plusieurs années, le reste à charge s'accumule pour les patients". 

Cependant, le développement de la chirurgie ambulatoire (voir aussi encadré), préoccupe l'association de patients.

"La chirurgie ambulatoire, c'est une bonne nouvelle, mais ça ne peut pas se développer comme ça du jour au lendemain avec n'importe quel malade. Cela nécessite d'être expliqué auprès des patients. Et cela veut aussi dire qu'il faut développer un accompagnement plus général des malades avant et après l'intervention. C'est là-dessus que portent nos remarques. Ce n'est pas sur l'intérêt de la chirurgie ambulatoire, mais sur son organisation".

L'ambulatoire "n'est pas une poule aux oeufs d'or"

En septembre 2013, la Cour des comptes avait évalué à cinq milliards d'euros le "potentiel d'économies" réalisable, via la suppression des lits, engendrant des économies de fonctionnement.

Un chiffre remis en cause par la Fédération hospitalière de France (FHF). "[La chirurgie ambulatoire est] une voie d'avenir, [mais] ce n'est pas la poule aux oeufs d'or", a affirmé en janvier son président, Frédéric Valletoux, évaluant le gain potentiel à 570 millions d'euros.

Selon Brigitte Dormont, économiste de la santé, le développement de l'ambulatoire nécessite aussi "de bien gérer l'amont et l'aval" de l'intervention. "Or, tout cela n'est pas suffisamment pensé aujourd'hui", explique-t-elle. "Il faut organiser le parcours des personnes affectées de maladies chroniques et penser l'accompagnement social des personnes isolées et démunies".

"Le patient doit avoir certaines garanties", renchérit Nicolas Brun, représentant du Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS), un collectif d'usagers.

Selon Nicolas Brun, la personne hospitalisée doit être parfaitement informée en amont, accompagnée et surveillée par un tiers dès sa sortie, posséder un numéro de téléphone en cas d'urgence 24h/24 et disposer de prescriptions médicales en cas de douleurs. Car "si l'on constate des avantages, des craintes et des interrogations demeurent".

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Le terme de chirurgie ambulatoire désigne les interventions programmées pour permettre au patient de rentrer chez lui le jour même de l'opération. Initialement cantonnée aux opérations légères (cataracte...), les évolutions technologiques permettent désormais une généralisation du dispositif à 40% des actes de chirurgie.