L'art de (bien) pratiquer... la sieste

Se faire une petite ronflette, piquer un roupillon... la sieste reste une activité un peu tabou en France. Bien que les Français dorment en moyenne une 1h30 de moins qu'il y a 50 ans, ils ne sont que 10% à faire une sieste quotidiennement. Comment bien faire la sieste ? Quels en sont les bénéfices ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
La sieste répond à un besoin physiologique.
La sieste répond à un besoin physiologique.  —  Shutterstock

Entre midi et 16h, nos capacités de travail et notre concentration baissent. La fatigue nous envahit et la digestion accentue encore un peu plus cette envie de dormir. Tout est question de chronobiologie : le corps humain a naturellement besoin de repos pour fonctionner. Sa phase principale correspond à la nuit et se situe plus particulièrement entre 1h00 et 6h00 du matin. Mais une autre phase plus accessoire correspond à la période du midi.

10 à 20 minutes de sieste suffisent

Combien de temps doit durer une sieste ? Tout dépend du besoin. En général dix à vingt minutes suffisent amplement à la mi-journée. Le corps est dans ce qu'on appelle le sommeil lent léger et le réveil est facile. Au-delà de trente minutes, le corps part pour une phase complète de sommeil, il est dans le sommeil lent profond et là, le réveil est beaucoup plus difficile. On se sent vaseux, "groggy", et il nous faudra quelques minutes au moins avant d'avoir les idées claires.

Si on peut faire la sieste, cette pause permet au corps humain de récupérer de l'énergie sur un court laps de temps, et même de mieux mémoriser et intégrer les informations du matin.

Des séances pour apprendre à se reposer

En Asie, les entreprises ont compris depuis longtemps l'intérêt de la sieste dans l'augmentation de la performance. Au Japon, beaucoup d'entreprises ont installé des salles spécifiques pour se reposer. En Chine, le droit à la sieste est même inscrit dans la constitution (depuis Mao) : "ceux qui travaillent ont droit à la sieste".

Mais en France, faire un petit dodo après manger n'est pas toujours très bien vu... Pour améliorer les conditions de travail et lutter contre le stress, certaines entreprises commencent à autoriser la sieste mais la plupart ne veulent pas communiquer. Trop peur de passer pour une entreprise de feignants.

Pour évacuer leur stress, sans être obligés de se cacher dans les toilettes ou sous leur bureau pour dormir en remontant de la cantine, les employés n'ont donc pas beaucoup de solutions. Certains décident donc d'apprendre à se relaxer et à faire des micro-siestes dans des centres spécialisés. Bien évidemment ce n'est pas remboursé par la Sécurité sociale...

Sachez enfin que la sieste n'est pas bonne que pour la récupération. En 2007, une étude grecque a montré que les personnes qui faisaient la sieste tous les jours avaient 37% de chance en moins de mourir d'une maladie coronarienne.

La sieste, c'est la santé !

La sieste est un épisode de sommeil court dont on ressent le besoin, généralement entre 13h et 15h. Rien à voir avec la digestion, l'appel de la sieste est plutôt lié à un rythme physiologique. Six heures environ après le réveil, on a besoin de recharger les batteries. Le sieste permet de récupérer, mais quoi ? Et quel est le temps idéal de repos ?

Elle évoque dans le meilleur des cas la douceur de vivre, mais plus généralement c'est à la paresse qu'on l'assimile. La sieste souffre d'une très mauvaise image, surtout dans le monde du travail. De ce fait, elle reste le privilège des enfants, des personnes âgées ou des malades. Pourtant, il s'agit d'un moment privilégié qui permet à l'organisme de récupérer, et même de compenser le manque de sommeil.

Le manque de sommeil n'est d'ailleurs pas sans conséquence sur le travail et donc pour les entreprises. Baisse de la vigilance, de l'attention et donc des performances, quelques entreprises commencent à franchir le pas et proposent à leurs salariés de se reposer au bureau.

D'après le National Sleep Disorders Research Plan (Centre national de recherche sur les troubles du sommeil aux Etats-Unis), la privation de sommeil coûterait 150 milliards de dollars à l'économie américaine en accidents et perte de productivité. Outre-Atlantique, 20% de la population dormait moins de 6 heures par nuit en 2009. En France, une personne sur trois manque de sommeil, et une sur cinq souffre d'insomnie.

A l'hôpital d'Evreux, un médecin a décidé de faire profiter de la sieste à tous les soignants de son service. Aux urgences de cet hôpital, faire des petits sommes pendant ses gardes est une obligation. Pour les équipes de garde qui travaillent 24 heures d’affilée, la sieste de l’après-midi, entre deux prises en charge, est devenue une habitude et les bénéfices sur le sommeil se font vite ressentir. Chaque pause dure 45 minutes, elles sont organisées selon un protocole strict afin de ne pas perturber l'organisation des urgences.

Si les soignants se sentent plus efficaces depuis qu'ils font la sieste, une étude pour en confirmer les bénéfices est en cours. Aujourd'hui, il s'agit du seul service d'urgences en France à avoir mis en place ces repos obligatoires.