Comment fonctionne un test de grossesse ?

Parent ou pas ? Pour en avoir le cœur net, il suffit d'utiliser un test de grossesse. Deux semaines de patience (après le rapport sexuel), un filet d'urine, quelques instants d'attente, et vous voilà fixée... Si une seconde bande apparaît sur la petite bandelette, vous êtes enceinte. Mais comment fonctionne ce test ? Et quelle est sa fiabilité ?

Florian Gouthière
Rédigé le
Comment fonctionne un test de grossesse ?
Le papyrus Ebers, premier document connu a proposer une méthode pour déterminer la grossesse humaine.
Le papyrus Ebers, premier document connu a proposer une méthode pour déterminer la grossesse humaine.

L'immense majorité des tests commercialisés à l'heure actuelle en France est basée sur la mesure du taux d'évaluation d'une hormone, la hCG (1), dans l'urine féminine. Produite par l'embryon peu de temps après la fécondation (2), cette hormone a pour principal effet de maintenir dans l'ovaire le "corps jaune" (une structure temporaire qui s'y développe après l'ovulation, et sécrète de la progestérone afin de maintenir dans l'utérus la muqueuse qui pourra accueillir l'embryon).

A l'issue d'une fécondation standard (un seul œuf), le taux de hCG dans l'urine reste faible durant les deux premières semaines, puis croit rapidement au fil des jours (3).

Dans le test de grossesse se trouve un réservoir contenant des anticorps (liés à un colorant) capables de fixer l'hormone hCG. Le composé chimique complexe issu de la fusion du hCG et de l'anticorps migre ensuite sur la bandelette, laissant apparaître un trait coloré.

Si aucune hCG n'a pu réagir avec les anticorps colorés... vous n'êtes pas enceinte !

Les tests de grossesse sont-ils efficaces ?

Tous les tests n'ont pas la même sensibilité à l’hormone. Certains tests dits "précoces" permettent d’identifier sa présence dès 3 jours avant la date présumée des règles. Mais tous les produits aujourd’hui commercialisés en France peuvent la détecter avec un très haut taux de fiabilité au-delà de la deuxième semaine de production de hCG.

Des travaux datés de 1998 ont démontré que les tests de grossesses du commerce, "s’ils sont utilisés par des techniciens expérimentés", permettent de prédire une grossesse dans 97,4% des cas. Toutefois, la même étude a révélé que lorsque le test est interprété par un non professionnel, cette précision chute à… 75%, du fait d'une mauvaise compréhension de la notice. Trop d'urine, pas assez d'urine ou une urine trop diluée, un temps d'attente trop court : les erreurs d'interprétation produisent des faux "négatifs" comme des "faux positifs".

A noter que la présence de certaines tumeurs ou lésions peut entraîner la production de faux positifs. Correctement utilisé, un test neuf ne produit pas de "faux négatifs" au-delà de la troisième semaine de grossesse révolue.

Faire pondre des grenouilles

La production de ce type de test n'est possible que depuis le milieu des années 1970, avec le développement de techniques permettant de produire en grande quantité des anticorps rigoureusement identiques (anticorps monoclonaux). Toutefois, dès la fin des années 1920, les professeurs allemands Zondek et Aschheim ont démontré que l'urine humaine incorporant de la hCG, injectée dans le corps de souris, déclenchait leur ovulation. Le test de Zondek et Ascheim a ultérieurement été effectué sur des lapins.

Cette technique d'analyse, certes fiable (ovulation déclenchée dans 98% des cas de grossesse), nécessitait la dissection des animaux pour constater le phénomène. En 1933, le biologiste britannique Charles William Bellerby découvre une alternative à ce test, constatant que l'urine contenant l'hormone hCG déclenchait en 12 à 24 heures... la ponte des grenouilles ! Une grenouille africaine, la xénope du Cap, fut sélectionnée par les chercheurs pour sa capacité à pondre toute l'année. La technique, popularisée dans les années 1940 par le britannique Lancelot Hogben, consistait là encore à injecter une petite quantité d'urine à proximité de l'ovaire du batracien. Il s'agit-là du premier test de détection de hCG réutilisable de l'histoire !

(1) Pour hormone "chorionique gonadotrope humaine". Les hormones gonadotropes n’existeraient que chez les primates et les équidés.
(2) Et ultérieurement produite par une partie du placenta.
(3) Il triple au cours de la seconde semaine, et décuplera une première fois au cours de la troisième semaine, puis une seconde au cours de la quatrième semaine.

Le plus ancien test de grossesse connu est décrit dans un papyrus rédigé seize siècle avant notre ère, pendant le règne d'Amenhotep Ier, et redécouvert en 1862 (voir ci-dessous). Le document invite les femmes à uriner sur... des grains de blés. Si ceux-ci germent, cela signifierait qu'elles sont enceintes. Cette allégation a été testée en 1963 par des archéologues, qui ont ainsi démontré que la quantité d'œstrogènes présente dans l'urine d'une femme enceinte produit bien, "pour environ 70% des essais", la germination du blé !