Cancer et dépression : la double peine

Tristesse, fatigue, envie de pleurer... On pense trop souvent que ces sentiments sont normaux quand ils concernent des personnes qui souffrent d'un cancer. Mais il peut aussi s'agir d'une véritable dépression, et dans ce cas elle est largement sous diagnostiquée. Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Selon une étude publiée dans The Lancet, le risque de dépression varie en fonction du type de cancer : entre 13,1% chez les personnes atteintes d'un cancer du poumon et 5,6% chez les patients touchés par un cancer génito-urinaire. Pourtant près de trois quarts des personnes concernées par cette étude n'étaient ni suivies, ni traitées pour leur dépression.

Si la famille et les amis ont du mal à repérer la dépression d'un proche, les médecins peuvent eux aussi passer à côté de cette maladie. "Il y a un sous diagnostic parce que souvent il y a une intrication entre les facteurs somatiques et les facteurs psychologiques. Souvent on banalise aussi le fait de ne pas avoir le moral puisque la personne a un cancer. Et on a aussi du mal à repérer les éléments de gravité comme le sentiment de culpabilité, le fait de s'isoler, la perte de plaisir… Il y a parfois une forme de méconnaissance des symptômes clés", explique le Dr Pascal Rouby, psychiatre.

L'association Etincelle propose des soins et des ateliers comme de la réflexologie plantaire, de la sophrologie ou des groupes de parole pour aider les femmes à traverser cette épreuve. Elles ont aussi accès à des consultations psychologiques. La thérapeute peut ainsi repérer et orienter celles qui montrent des signes de dépression. "L'importance de la prise en charge d'un syndrome dépressif est d'éviter que la maladie évolue. La dépression va s'aggraver, elle va aussi interférer dans la prise en charge : le patient va s'isoler, va être négligent au niveau de la surveillance... Cela peut avoir un impact sur le plan relationnel avec les soignants ou avec les proches. La prise en charge assez rapide est donc primordiale et elle doit être efficace avec les traitements", précise le Dr Rouby.

Médicaments ou psychothérapie, il est donc indispensable que les patients soient pris en charge rapidement. Selon une étude anglaise, certains ont plus de risque de développer une dépression. Parmi eux, les jeunes ou les personnes socialement précaires.