Baignades hivernales : le risque de l'hypothermie

Ayant cédé à l'appel des baignades hivernales, une Italienne en séjour à Saint-Malo a été retrouvée dimanche matin "en état d'hypothermie" sur l'île située à l'embouchure de la Rance, selon le quotidien Ouest France.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Baignades hivernales : le risque de l'hypothermie
L'îlot du Grand Bé, où la nageuse italienne a été retrouvée, est célèbre pour abriter la sépulture de Chateaubriand. (cc-by-sa TCY)
L'îlot du Grand Bé, où la nageuse italienne a été retrouvée, est célèbre pour abriter la sépulture de Chateaubriand. (cc-by-sa TCY)

Selon le quotidien régional, un promeneur a découvert dans la matinée du 14 décembre 2014 des vêtements de femme et un sac à main sur une plage de Saint-Malo. L'hypothèse initiale d'un suicide a vite été balayée après la découverte, sur l'ilot voisin, d'une femme d'une trentaine d'année "blottie contre les rochers en maillot de bain, grelottant de froid."

La femme était simplement partie nager quelques heures plus tôt, mais avait "présumé de ses forces", n'ayant plus l'énergie de regagner la plage. Ouest France note qu'une "certaine dose de courage" était nécessaire pour tenter la traversée, l'eau étant ce matin-là "à une température de 12 °C" et l'air "quelques degrés au-dessus de zéro".

Transportée à l'hôpital de Saint-Malo pour des examens, elle aurait confié aux pompiers "qu'elle pensait que l'eau était à la même température qu'en Méditerranée" – suggérant qu'elle fut habituée aux longues baignades hivernales dans la Grande Bleue.

Médicalement parlant, l'hypothermie correspond à une température centrale inférieure à 35°C (soit deux degrés au dessous de la température normale du corps). On parle parfois, par abus de langage, d'hypothermie légère lorsque la température est comprise entre 37 et 35°C.

De 35 à 34 °C, les médecins qualifient l'hypothermie de "modérée", puis de "moyenne entre 34 et 32°C. Le patient frissonne de manière incontrôlable, sa tension artérielle chute, sa respiration et son pouls s'accélèrent.

L'hypothermie est dite "grave" en dessous de 32°C (ralentissement du rythme cardiaque, troubles de la conscience, risque de tomber dans le coma), et "majeure" lorsque le seuil des 25°C est franchi.

Conseils de baignade en hiver

S'il vous venait à l'idée de quitter vos pull-overs pour les froideurs de la mer ou de l'océan, quelques points sont à prendre en considération.

Ne présumez pas de vos forces. Il faut tenir compte de sa forme physique. Ne surestimez pas vos capacités et prévenez toujours une personne qui restera sur la plage lorsque vous vous mettez à l'eau. Restez à faible distance du rivage.

Plonger votre corps l'eau froide va entraîner une contraction des vaisseaux sanguins. Si ce phénomène est trop brutal, il existe un risque d'arrêt de la circulation cérébrale et de syncope (hydrocution). Pénétrez dans l'eau sans empressement.

S'exposer à l'air frais pour "habituer son corps" est contre-productif : vous risquez de vous engourdir avant même d'être dans l'eau... Préparez vos muscles en vous échauffant légèrement.

Quelles que soient vos motivations pour plonger dans l'eau froide, votre objectif ne doit surtout pas être de battre un concours d'endurance. Les associations d'amateurs de baignades hivernales  ("Ours Blancs" à Biarritz, "Canards givrés" de la Baule…) limitent généralement les bains à 15 minutes. C'est beaucoup, si vous n'êtes pas habitué à cet exercice !

Enfin, prévoyez de quoi vous sécher et vous réchauffer ensuite !

En savoir plus :

Le froid "endort l'organisme", ralentissant puis arrête une à une toutes les fonctions vitales jusqu'à introduire un état de mort apparente, puis une mort réelle.

On peut mourir de froid même à température extérieure normale, sur la terre ferme, en cas de dérèglement du thalamus – la partie du cerveau chargée de réguler la température corporelle. Les causes d'un tel dérèglement sont multiples : une infection grave, une insuffisance thyroïdienne ou encore une prise de toxiques majoritairement l'alcool et les barbituriques.