Anti-moustiques : les insectes s'habituent aux répulsifs

Des chercheurs britanniques viennent de découvrir que certains moustiques s'habituent au DEET, l'une des molécules les plus fréquemment utilisées comme répulsif contre les insectes. Une nouvelle inquiétante pour la lutte contre la propagation de certaines maladies comme la dengue ou le chikungunya.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Anti-moustiques : les insectes s'habituent aux répulsifs

Parmi les composants des répulsifs contre les insectes, le DEET, ou N,N-diethyl-meta-toluamide, est l'un des plus largement utilisés. Développé par l'armée américaine pendant la seconde guerre mondiale, alors qu'elle combattait dans la jungle, le DEET, dont le mode de fonctionnement reste flou, affecterait la localisation par le moustique de ses cibles potentielles.

Des insectes moins sensibles

Toutefois, dans une étude publiée par la revue PloS ONE en février 2013, une équipe de chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medecine vient de démontrer qu'un type de moustique, Aedes Aegyptis, perdrait sa sensibilité à l'odeur du répulsif.

Pour comprendre ce mécanisme, les scientifiques ont proposé un bras couvert de DEET à des insectes. Dans un premier temps, ceux-ci se sont détournés de leur repas. Mais, quelques heures plus tard, alors que le bras leurs était proposé une deuxième fois, le DEET s'est révélé moins dissuasif.

Modification du système olfactif

"Nous avons pu enregistrer la réponse des récepteurs des antennes (des moustiques) au DEET", explique le Dr James Logan, l'un des auteurs de l'étude.

"Nous avons ainsi découvert que les moustiques n'étaient plus aussi sensibles au produit qu'auparavant. Le fait d'avoir été exposés au DEET une première fois a changé leur système olfactif. C'est ce qui se passe dans le cas de l'odorat humain même s'il est bien évident que le système olfactif humain est très différent de celui que l'on observe pour les moustiques", précise le chercheur.

Un enjeu de taille

Après ce premier constat, l'équipe de chercheurs britanniques va s'atteler à l'étude du phénomène sur d'autres types de moustiques, comme ceux qui transmettent la malaria. Pour le Dr James Logan, "les conclusions ne devraient pas empêcher les gens d'utiliser le DEET dans les zones à haut risque, mais peuvent aider les scientifiques qui tentent de trouver de nouvelles versions (de répulsifs) qui pourraient être efficaces".

L'enjeu est de taille car la dengue, comme le Chikungunya, déjà confortablement installés en Asie et dans les pays tropicaux, pourraient s'inviter en Europe dans les années à venir.

Etude de référence : "Aedes aegypti Mosquitoes Exhibit Decreased Repellency by DEET following Previous Exposure", Nina M. Stanczyk, John F. Y. Brookfield, Linda M. Field, James G. Logan, PLoS ONE 8(2): e54438. doi:10.1371/journal.pone.0054438

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