Alzheimer : le donépézil prouve son efficacité à un stade avancé

Selon une étude publiée dans The New England Journal of Medicine, le donépézil (Aricept®) et la mémantine (Ebixa®), traitements courants contre les phases précoces de la maladie d’Alzheimer, sont aussi bénéfiques dans ses formes plus sévères. Une bonne nouvelle puisque le brevet de l’Aricept arrive à terme, et que cette molécule sera bientôt disponible en générique.

Cécile Guéry-Riquier
Rédigé le , mis à jour le

Les malades d'Alzheimer devraient poursuivre leur traitement médicamenteux plus longtemps. C’est ce que pensent une équipe de chercheurs anglais selon leur dernière étude publiée dans The New England Journal of Medicine.

Le médicament en question est l'Aricept®, ou donépézil, utilisé jusqu’ici pendant les premiers stades de la maladie d’Alzheimer. Sa prescription était suspendue quand les symptômes de la maladie empirait. Dans cette dernière étude, il aurait montré son efficacité à des stades plus avancés de la maladie.

Désormais, les médecins du NICE (une organisation britannique indépendante chargée d'assurer "la prévention et le traitement des maladies" en Grande-Bretagne) recommandent la poursuite du traitement au-delà de l'amélioration de l'état du patient.

Selon les auteurs de cette étude, il suffirait de poursuivre le traitement au donépézil pour freiner la progression de la maladie chez deux fois plus de patients dans le monde entier.

L’étude a porté sur 295 malades d'Alzheimer en Angleterre et en Écosse. Tous les patients avaient déjà été traités au donépézil pendant au moins trois mois lorsqu’ils étaient à un stade précoce. Lorsque la neurodégénérescence a évolué vers une forme plus sévère, une partie d’entre eux a poursuivi le traitement, une deuxième a reçu de la mémantine, le principe actif habituellement prescrit dans les derniers stades de la maladie, le troisième groupe a pris un cocktail des deux, et le dernier quart une pilule placébo. L’étude a duré un an.

Pour mesurer l’efficacité des diverses substances, les patients ont dû passer des tests cognitifs (mémorisation, orientation et expression verbale) et fonctionnels (capacité à réaliser des tâches quotidiennes comme prendre ses médicaments). Les malades traités au donépézil et à la mémantine ont obtenu les meilleurs scores. Le cocktail des deux n’a rien apporté de plus.

Le principal auteur de l'étude, le professeur Robert Howard du King's College London Institute of Psychiatry, se félicite : "Pour la première fois, nous avons des preuves solides et convaincantes que le traitement avec ces médicaments peut continuer à aider les patients à des stades plus sévères." Dans des propos rapportés par la BBC, il argumente : "La mémoire et l'aptitude à communiquer des patients qui ont continué de prendre le donépézil étaient bien meilleures que pour ceux qui avaient arrêté les traitements. Ces améliorations se sont maintenues toute l'année." Et d'ajouter : "Pour être honnête, les deux médicaments ont des effets positifs et indépendants à ce stade de démence", et de conseiller aux médecins de prolonger la prescription de donépézil - lorsqu'il est toléré - et d'ajouter la mémantine.

Une avancée de taille, qui coïncide avec l'expiration du brevet de l'Aricept® : la mise sur le marché de génériques commercialisés sous le nom "donépézil" devrait permettre aux malades de faciliter la poursuite de leur traitement.

Etude de référence : "Donepezil and Memantine for Moderate-to-Severe Alzheimer's Disease", N Engl J Med 2012; 366:893-903 March 8, 2012

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