Thomas Pesquet : passer de l’apesanteur à la pesanteur terrestre, ça fait quoi ?

Thomas Pesquet a amerri, mardi, au large des côtes de la Floride, après six mois passés dans l’espace. Quels effets sur son corps ce retour à la terre ferme va-t-il engendrer ? Explications.

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Thomas Pesquet à bord de l'ISS
Thomas Pesquet à bord de l'ISS  —  Twitter : @Thom_Astro

Les pieds sur terre, mais le corps toujours dans l’espace. Thomas Pesquet est de retour sur Terre, après un séjour de six mois à bord de la Station spatiale internationale. Après avoir amerri dans le golfe du Mexique mardi 9 novembre, le spationaute français fait route pour l’Europe où l’attend une longue période de réadaptation à la gravité terrestre.

L’astronaute préféré des Français s’apprête à passer une batterie de tests médicaux, pour se réhabituer à la pesanteur, après six mois à flotter en micro-gravité. Il sera pris en charge par le "Envihab", structure dédiée à la réadaptation à la gravité terrestre. Sa période de réhabilitation physique doit durer trois semaines.

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Les muscles fondent et les os se décalcifient

Vivre dans l’espace est une expérience éprouvante pour l'organisme. Sans gravité, les muscles fondent et les os se décalcifient. Le corps ne supporte plus aucun poids et gagne quelques centimètres. L'oreille interne, qui nous aide habituellement à trouver notre équilibre, est déboussolée ; la vision est altérée. Des phénomènes que les médecins connaissent bien et qui sont fort heureusement réversibles. 

"Il s’est bien habitué à l’apesanteur, mais il n’est plus habitué à la pesanteur, donc tous ces systèmes doivent se remettre en route. On parvient à remettre certains systèmes en route : par exemple, si on lui fait faire du caisson à dépression, on reproduit des transferts liquidiens de la tête vers les pieds, comme s’il était debout", explique le Pr Philippe Arbeille, professeur de médecine à l’Université de Tours et spécialiste de l’adaptation de l’homme en milieu hostile. "Quant au cœur, dès l’instant où l’individu fait moins d’efforts puisqu’il ne se tient pas debout, il s’atrophie légèrement. Mais on va lui faire faire de l’exercice physique à outrance et il va récupérer son cœur", poursuit-il.

"Les artères vieillissent de vingt ans en six mois"

L’exercice physique, voilà ce qui permet au corps de résister à six mois dans l’espace et de récupérer si rapidement. Chaque jour dans la station spatiale internationale, Thomas Pesquet s’est astreint à deux heures de sport. Mais pour des séjours plus longs, les médecins n’ont pas encore trouvé toutes les parades. "On s’est aperçu que les artères vieillissaient environ de vingt ans en six mois. La question qui se pose, c’est quand on va envoyer un homme sur Mars, il va rester dix-huit mois ou plus dans l’espace, est-ce que cette anomalie va continuer de se développer ? Est-ce qu’elle va atteindre un pallier et ne plus bouger ? Est-ce qu’elle va complètement régresser après le retour ? On n’en sait rien !", estime Pr Philippe Arbeille.

Thomas Pesquet doit désormais subir, à Cologne, trois semaines d’examens médicaux et de tests scientifiques qui donneront peut-être aux médecins quelques clés pour envoyer les premiers hommes... sur Mars.