Vaccin contre la grippe : les idées reçues font des ravages chez les seniors

Les 65-75 ans rechignent à se faire vacciner contre la grippe, du fait de "fausses croyances" sur les effets secondaires ou le manque d’efficacité de ce mode de prévention.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Grippe hivernale 2016 : le virus est particulièrement dangereux pour les plus de 65 ans -
Grippe hivernale 2016 : le virus est particulièrement dangereux pour les plus de 65 ans -  —  Crédit photo :  Endlesssea2011 - Fotolia.com

Lors de l'hiver 2015-2016, moins de la moitié des 65-75 ans s'était fait vacciner contr la grippe, selon une étude menée auprès de 2.418 personnes âgées. Une situation inquiétante que "certaines perceptions" du vaccin antigrippal pourraient expliquer, selon les auteurs de l’enquête publiée ce 10 octobre dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France.

En effet, les seniors mettent largement en doute le vaccin anti-grippe. Si 81,3% des 65-75 ans considèrent la grippe comme "grave", et 92,1% comme "fréquente", plus du tiers (35,7%) doute de l'efficacité du vaccin et près de la moitié (46,9%) pense qu'il peut provoquer des effets secondaires graves, selon des réponses recueillies dans le cadre du Baromètre santé 2016, une large enquête réalisée tous les ans par l'agence sanitaire.

Idées reçues

Or la perception de l'efficacité du vaccin est déterminante dans le fait de se faire vacciner. "La probabilité de s'être fait vacciner est cinq fois plus importante chez les 65-75 ans déclarant que le vaccin est efficace", ajoutent les auteurs. Le fait de considérer la grippe comme une maladie grave est là aussi "fortement lié au fait de s'être fait vacciner", tandis que ceux qui pensent que le vaccin peut provoquer des effets secondaires graves sont moins nombreux à y avoir recours.

Les plus de 65 ans se font peu vacciner pourtant il s'agit d'une population à risque. Ils sont "les plus vulnérables face à la grippe saisonnière en termes de mortalité" et de complications graves rappellent les auteurs. Pour augmenter la couverture vaccinale, "les campagnes d'information et de communication sur la grippe doivent continuer […] à lutter contre les fausses croyances", estiment les chercheurs.

Une efficacité modérée peut avoir de grands bénéfices

La composition du vaccin est modifiée chaque année en fonction de l'évolution des souches du virus en circulation. Ces souches peuvent parfois muter entre le moment où le vaccin est conçu et l'arrivée effective de l'épidémie, ce qui diminue alors son efficacité.

Mais même avec une efficacité modérée, l'impact global sur la mortalité des personnes âgées reste sensible. Selon une étude publiée en 2015, portant sur la période 2000-2009, plus de 2.000 décès par an ont été évités grâce à la vaccination, avec une efficacité moyenne du vaccin chez les personnes âgées évaluée à 35%. Et une couverture vaccinale portée à 75% permettrait d'en éviter 3.000 supplémentaires, selon la même étude.

Des risques dérisoires

Quant à son éventuelle dangerosité, le vaccin antigrippal est "considéré comme sans danger par l'Organisation mondiale de la santé" et n'entraîne que "des effets indésirables classiques et bénins": réactions locales au point d'injection, fièvre ou douleurs musculaires, soulignent les auteurs.

Le taux de vaccination contre la grippe des plus de 65 ans était encore de 63,9% en 2009-2010, mais il a chuté dans les années suivantes, après la campagne de vaccination controversée contre la pandémie de grippe H1N1 de 2009.

Durant l'hiver 2016-2017, l'épidémie a débuté précocement (en décembre en métropole) et s'est étendue sur dix semaines. Selon une étude de Santé publique France, elle a entraîné un "nombre d'hospitalisations pour grippe qui a doublé chez les 65-74 ans et triplé chez les 75 ans et plus", en comparaison avec l'épidémie d'il y a deux ans. Et "91% des décès attribuables à la grippe sont survenus chez les personnes âgées de plus de 75 ans, soit 13.136 décès".

avec AFP