Thomas Pesquet : comment se réadapter à la vie terrestre ?

Après 200 jours dans l'espace, le Français Thomas Pesquet a atterri, vendredi 2 juin, dans les steppes du Kazakhstan. Il doit désormais se réadapter à la vie terrestre, sous une surveillance médicale rapprochée.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le spationaute français Thomas Pesquet dans l'ISS
Le spationaute français Thomas Pesquet dans l'ISS  —  Twitter : @Thom_astro

Thomas Pesquet debout, les deux pieds sur terre. Le cliché a été posté par l’astronaute sur les réseaux sociaux. 72 heures après son atterrissage, dans les steppes du Kazakhstan, l'astronaute se remet plutôt rapidement de ces six mois passés en orbite à 400 km de la Terre. Un périple en impesanteur, au cours duquel ses muscles ont fondu et ses os se sont décalcifiés. A son arrivée samedi matin au Centre européen des astronautes à Cologne, en Allemagne, l’homme de 39 ans pouvait à peine mettre un pied l’un devant l’autre.

"C'est difficile de retourner sur Terre, de retrouver la gravité qu'on n'a pas connue pendant six mois", confie Thomas Pesquet dans une vidéo réalisée par l'Agence spatiale européenne. "Chaque mouvement est un peu difficile. Le système d'équilibre ne marche pas très bien" (...), "c'est pour cela que j'ai des médecins qui m'aident (...). Mais sinon, ça va. Je suis content d'être revenu. Je me réadapte petit à petit. Je me sens très, très bien", assure-t-il.

Vivre dans l’espace est une expérience éprouvante pour l'organisme. Sans gravité, outre la perte musculaire et osseuse, le corps qui ne supporte plus aucun poids, gagne quelques centimètres. L'oreille interne, qui nous aide habituellement à trouver notre équilibre, est déboussolée ; la vision est altérée. Des phénomènes que les médecins connaissent bien et qui sont fort heureusement réversibles. 

"Les artères vieillissent de vingt ans en six mois"

"Il s’est bien habitué à l’apesanteur, mais il n’est plus habitué à la pesanteur, donc tous ces systèmes doivent se remettre en route. On parvient à remettre certains systèmes en route : par exemple, si on lui fait faire du caisson à dépression, on reproduit des transferts liquidiens de la tête vers les pieds, comme s’il était debout", explique le Pr Philippe Arbeille, spécialiste de médecine et physiologie spatiale à l’Université de Tours. "Quant au cœur, dès l’instant où l’individu fait moins d’efforts puisqu’il ne se tient pas debout, il s’atrophie légèrement. Mais on va lui faire faire de l’exercice physique à outrance et il va récupérer son cœur", poursuit-il.

L’exercice physique, voilà ce qui permet au corps de résister à six mois dans l’espace et de récupérer si rapidement. Chaque jour dans la station spatiale internationale, Thomas Pesquet s’est astreint à deux heures de sport. Mais pour des séjours plus longs, les médecins n’ont pas encore trouvé toutes les parades. "On s’est aperçu que les artères vieillissaient environ de vingt ans en six mois. La question qui se pose, c’est quand on va envoyer un homme sur Mars, il va rester dix-huit mois ou plus dans l’espace, est-ce que cette anomalie va continuer de se développer ? Est-ce qu’elle va atteindre un pallier et ne plus bouger ? Est-ce qu’elle va complètement régresser après le retour ? On n’en sait rien !", estime Pr Philippe Arbeille.

Thomas Pesquet doit désormais subir, à Cologne, trois semaines d’examens médicaux et de tests scientifiques qui donneront peut-être aux médecins quelques clés pour envoyer les premiers hommes... sur Mars.