L'expérimentation animale permet-elle d'obtenir des résultats fiables ?

L'expérimentation animale permet-elle vraiment d'obtenir des résultats fiables pour les médicaments destinés à l'homme ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Pr Jean-Noël Fabiani, chirurgien cardiaque, et avec Thierry Galli, directeur de recherche à l'Inserm :

"Oui, l'expérimentation animale permet d'obtenir des résultats fiables, en très grande partie. Le problème, c'est quand on monte en épingle les exceptions. Mais il suffit de regarder le fait que la plupart des médicaments dits vétérinaires sont en fait les mêmes principes actifs que ceux utilisés chez l'homme. C'est déjà un argument largement suffisant. Et dans l'autre sens, la plupart des tests réalisés sur des animaux sont validés chez l'homme.

"Les exceptions viennent du fait que même si on partage 95% ou plus de notre patrimoine génétique avec les rongeurs ou d'autres espèces mammifères, il y a une variabilité dans un certain nombre de gènes qui peuvent introduire des différences importantes. Mais cette variabilité existe aussi entre différents individus humains et si on veut dire que l'homme ne peut être un modèle que pour l'homme, il faut pousser jusqu'à dire "je ne suis un modèle que de moi-même". On ne pourrait alors faire aucun test et aucune statistique."

"En ce qui concerne les antibiotiques, Alexander Fleming s'est trompé d'expérience animale. Il a fait une mauvaise expérience animale. Il a vu que cela ne marchait pas. On a attendu dix ans avant de refaire l'expérience qui permet de prouver que la pénicilline est efficace contre le streptocoque. On perd dix ans d'utilisation parce que l'expérimentation qu'il avait faite n'était pas la bonne expérimentation. Il a fallu attendre dix ans pour permettre de poursuivre la découverte et d'utiliser la pénicilline."

"On développe à l'heure actuelle des souris dites humanisées dans lesquelles on modifie le patrimoine génétique pour qu'il ressemble plus à celui de l'homme. Et effectivement, on va pouvoir avoir des tests qui seront plus appropriés grâce à ce type de modifications."