Handicap : trop de sites Internet inaccessibles

Des trottoirs inaccessibles aux fauteuils roulants, une signalisation inadaptée aux malvoyants ou malentendants… En matière d'accessibilité, il y a encore beaucoup à faire. Et pas seulement dans la rue. D'après la  loi 2005 sur le handicap, le numérique devrait aussi être accessible. Pourtant, dans un monde toujours plus connecté, de nombreuses personnes en situation de handicap peinent encore à naviguer sur le net. Pour certains, des outils techniques peuvent pallier le handicap. Pour d'autres en revanche, il faut s'adapter.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Antonella, 15 ans, est infirme moteur cérébral et ses mouvements spasmodiques l'empêchent d'utiliser une souris. Si elle peut communiquer, c'est grâce à un petit boîtier relié à son ordinateur. "À l'intérieur du boîtier, il y a des caméras infrarouges qui captent le regard d'Antonella. Le boîtier est branché en USB sur l'ordinateur. Antonella vient poser son regard sur les lettres du clavier ou sur les pictogrammes et elle reste fixée sur la lettre qu'elle veut écrire", explique Aurélie Herman, ergothérapeute.

Sans ce boîtier, il serait beaucoup plus difficile pour l'adolescente de s'intégrer dans une société toujours plus connectée comme le confie Aurélie Herman : "Ce système a d'abord permis une autonomie scolaire, c'est d'ailleurs ce qui a été recherché en premier. C'est également une liberté d'expression car Antonella peut écrire tout ce qu'elle veut. Enfin, c'est un accès aux loisirs. Avant, elle ne pouvait pas forcément faire des choses toute seule. Maintenant elle peut faire des choses de son âge comme aller sur les réseaux sociaux…". Mais cette commande oculaire a un coût : 2.500 euros environ. Une somme conséquente qui peut être un frein à l'accessibilité numérique.

Pour d'autres handicaps, il existe d'autres outils. Alex, lui, est aveugle mais cela ne l'empêche pas de naviguer sur Internet. Il utilise en effet une plage braille. Ce dispositif se connecte à son ordinateur et lui permet de lire en temps réel ce qui s'affiche sur l'écran. Mais pour déclarer ses impôts en ligne ou louer un appartement, encore faut-il que les sites web soient parfaitement accessibles.

L'obligation d'accessibilité numérique est pourtant prévue par la loi handicap de 2005. Mais elle est peu contraignante pour les sites Internet. L'association BrailleNet a donc décidé de gérer le problème en amont. Par exemple, sur certains campus, elle sensibilise ceux qui concevront les sites Internet de demain. "Pour un étudiant en informatique, le handicap n'est pas sa préoccupation première. Produire des logiciels qui vont être accessibles, ce n'est pas du tout dans ses préoccupations personnelles. Mais si ses profs lui disent que pour produire une application correcte, il faut d'abord faire un algorithme, il faut penser à l'ergonomie… Et si l'ergonomie inclut directement l'accessibilité, les étudiants donc les futurs informaticiens, ne se poseront même plus la question", explique Hélène Maynard, enseignant-chercheur en informatique.

Mais pour le moment, la fracture numérique persiste. Fin janvier 2016, l'Assemblée nationale a adopté un nouveau projet de loi censé faciliter l'accessibilité numérique. Un projet qui selon les associations, manque encore d'ambition.