Remplissez-vous les critères médicaux pour devenir astronaute ?

L’Agence Spatiale Européenne a annoncé le lancement d'une nouvelle campagne de recrutement. La sélection est ouverte aux personnes handicapées. Si vous souhaitez décrocher un billet pour l'espace, il va falloir passer une visite médicale et répondre à certains critères. Les explications de deux spécialistes.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Remplissez-vous les critères médicaux pour devenir astronaute ?
Crédits Photo : © Pixabay / skeeze

Qui va remplacer Thomas Pesquet ? L’Agence Spatiale Européenne (ESA) lance une nouvelle campagne de recrutement. Pour être sélectionné, il faut remplir quelques critères médicaux indispensables.

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Contrôles médicaux

Pas de mission spatiale sans certificat médical de classe 2 pilote privé. Ce certificat est délivré par un médecin spécialisé, vous pouvez trouver une liste ici.

D’après le Dr Christian Bruy, du Centre D'expertise De Medecine Aéronautique De Lyon Saint Exupery, : « En altitude, il y a moins d’oxygène et moins de pression. Donc il est essentiel de vérifier le coeur et les poumons. On fait un électrocardiogramme et une évaluation respiratoire ». La tension artérielle ne doit pas dépasser 16-9. D’après le Pr Marotte, «Le risque cardiovasculaire existe, il faut un coeur en bon état ».

La vue et l’ouïe sont aussi contrôlées. « L’acuité visuelle de loin doit être d’au moins 5/10 pour chaque oeil, et pour les deux yeux d’au moins 7/10, avec ou sans correction », explique le Pr Henri Marotte, directeur de la capacité de médecine aérospatiale de l'université René Descartes. Il faut également être capable de distinguer les couleurs.

Le test auditif n’est pas très exigeant selon ce spécialiste : « L’examen ORL doit couvrir jusqu’à la fréquence de 4000 hertz. »

Des parastronautes

L’ESA recherche des profils variés. Les personnes en situation de handicap peuvent aussi tenter leur chance. Elles devront présenter un équivalent au certificat de classe 2-pilote privé. Un physicien doit attester, que hormis leur handicap, rien ne les empêche de remplir toutes les conditions nécessaires à l'obtention du certificat médial.

L'objectif est de mener une étude sur la possibilité d'intégration de parastronautes, des astronautes handicapés, au sein d'une mission spatiale.

En s'inspirant de la classification des Jeux paralympiques, l'ESA a défini trois catégories de handicap qui correspondent aux exigences de sécurité d'un vol spatial habité : une déformation ou un handicap d'un ou des deux membres inférieurs, que ce soit une déficience d'un ou deux pieds jusqu'à la cheville, d'une ou deux jambes sous le genou, et les personnes de petite taille (moins d'1,30cm).

Adapter le poste de travail

« Dans la mesure où le poste de travail est adapté, il n’y a aucun problème. On peut très bien avoir des personnes avec un membre sectionné qui portent une prothèse. En revanche, si le handicap est cognitif, cela peut poser davantage de problèmes », précise le Pr Marotte,

Le professeur a déjà rencontré le cas d’un pilote de ligne dont le bras droit fonctionnait mal. « Nous l’avons admis, mais seulement à la place où il manipule les interrupteurs de la main gauche. On a aussi un pilote avec une prothèse de jambe. » D’après lui, cette adaptation peut s’appliquer dans les postes de pilotage des astronautes. Mais « adapter un poste de pilotage coûte une fortune, » et les missions spatiales sont déjà très onéreuses.

Les candidatures peuvent être envoyées du 31 mars au 28 mai 2021 sur le site de l’ESA. Pour participer, il faut fournir un CV au format Europass, une lettre de motivation, une copie de votre passeport et le certificat médical de classe 2 pilote privé.