Les internes en médecine ne se vaccinent pas assez

"Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés", une expression populaire qui pourrait également s'appliquer aux internes en médecine. Seuls 76% d'entre eux se vaccinent correctement contre la rougeole, selon une enquête publiée dans le Bulletin Epidémiologique (BEH) de cette semaine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Pour les futurs internes, c'est l'heure du choix de leur spécialité.
Pour les futurs internes, c'est l'heure du choix de leur spécialité.

Parce qu'il côtoie toute la journée des patients, le personnel de santé est en première ligne des maladies infectieuses. Pourtant, chez les internes en médecine, la couverture vaccinale reste particulièrement insuffisante, selon une enquête publiée dans le BEH et portant sur 703 étudiants du Sud-Est de la France. En 2013, seuls 76% d'entre eux ont reçu les deux doses nécessaires de vaccin contre la rougeole (ROR), contre 82% des pharmaciens. Un chiffre inquiétant car les internes sont souvent en contact avec des patients fragiles comme les enfants, les femmes enceintes ou encore les personnes immunodéprimées.

Ce faible taux de vaccination dans le Sud-Est vient confirmer celui déjà observé en région parisienne en 2009, où seulement 46% des internes étaient correctement vaccinés contre la rougeole. Toutes vaccinations confondues, ce sont les étudiants en gynécologie obstétrique et en pédiatrie qui se vaccinent le plus. A l'inverse, les internes spécialisés en chirurgie arrivent en bas du classement.

Oubli ou manque de sensibilisation ?

Si cette couverture vaccinale est comparable à celle des enfants de primaire, elle reste largement insuffisante.

On estime que pour protéger l'ensemble de la population de la rougeole, 95% des Français doivent être correctement vaccinés. Alors qu'elle semblait disparaître lentement du territoire français, depuis 2008 des vagues épidémiques de rougeole refont surface, la dernière étant localisée en Alsace. Entre 2008 et 2013, près de 25.000 personnes ont contracté le virus, dont 10 sont décédés.

Cette maladie, hautement contagieuse, peut entraîner de rares complications graves. Les internes mal vaccinés estiment n'avoir pas été assez sensibilisés sur ces dangers. Beaucoup ne se sentent pas non plus particulièrement exposés, oublient ou manquent d'intérêt pour la vaccination.

Pourtant, cette faible couverture vaccinale ne peut pas uniquement s'expliquer par un "relâchement" des internes. Elle soulève surtout l'importance de la médecine du travail en internat. Selon l'enquête, seuls 38% des internes ont consulté un médecin du travail pendant leurs années d'internat. "Les services de médecine du travail pourraient jouer un rôle plus actif pour améliorer la couverture vaccinale parmi les professionnels de la santé", propose le BEH. Pour les auteurs, il paraît donc indispensable de rappeler aux médecins, comme aux futurs médecins, l'importance de la vaccination.

Certains vaccins sont obligatoires spécialement pour les soignants. C'est le cas pour celui  contre l'hépatite B, la diphtérie-tétanos-poliomyélite (DT-Polio) et la tuberculose (BCG). 99% des internes en médecine se vaccinent contre ces maladies.

D'autres vaccins sont recommandés pour les soignants, comme celui contre la grippe saisonnière et la coqueluche.