Attentats de Paris : récit de la nuit des médecins

Après les attaques, les hôpitaux parisiens ont dû faire face à un afflux massif de victimes. Comment les équipes médicales ont-elles vécu cette expérience inédite ? Les équipes du Magazine de la santé ont recueilli le témoignage de deux médecins. L'un est chirurgien orthopédique à l'hôpital Georges Pompidou, l'autre est chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière. Ils racontent avec émotion comment ils ont vécu la nuit de vendredi à samedi.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

À l'hôpital Lariboisière, les équipes soignantes ont pris en charge une quarantaine de blessés. Le Pr Payen est chef de service de réanimation, il a géré la répartition des victimes : "J'ai cherché les patients aux urgences, essayé de limiter le temps dans la chaîne de soins le plus possible, entre le dépôt par les ambulances médicalisées des pompiers ou du Samu et l'arrivée dans l'endroit où on évalue les patients avant de les orienter vers les soins les plus adaptés".

Trois jours après le drame, le Pr Payen est encore sous le choc : "C'était très émouvant et je suis d'ailleurs toujours ému. C'était très émouvant de voir sérénité, professionnalisme, et générosité… Et on a eu la chance de ne pas enregistrer de décès dans notre hôpital. Tout le monde aura l'impression à la fin que ça a été très efficace. Par ailleurs, on a aussi l'impression que tout le monde a joué le jeu y compris la partie administrative qui maintient une présence et une logistique qui permet aux personnes de travailler longtemps et d'avoir ce qu'il faut pour pouvoir tenir le coup".

Autre établissement, mêmes urgences. À l'hôpital européen Georges-Pompidou, les soignants ont accueilli des blessés graves. Le Pr Masmejean fait partie des chirurgiens orthopédiques mobilisés. Il sort tout juste du bloc opératoire : "Nous avons pu ouvrir quatre équipes de chirurgie orthopédique, donc quatre salles, ce qui est considérable, mais en coordination complète avec les équipes de chirurgie digestive, de chirurgie plastique et de chirurgie vasculaire ainsi que la chirurgie thoracique".

Quatre spécialités qui ont travaillé ensemble pour réparer des blessures de guerre : "On parle de chirurgie de guerre parce que la balle ou l'éclat d'obus va provoquer des lésions qu'on appelle pluritissulaires. Il y a bien sûr la peau, les muscles, les tendons, les nerfs, les artères… et on est exactement dans cette situation".

Aujourd'hui pour les chirurgiens, tout l'enjeu est de contrôler ces lésions par balles et de les stabiliser. "Un certain nombre de patients sont sortis ou vont sortir du bloc opératoire sans une réparation parfaite de toutes leurs structures parce qu'on ne peut pas ou alors parce que ce n'est pas le bon moment", explique le Pr Masmejean.

Sur les 80 personnes admises en situation d'urgence absolue, 42 sont toujours en service de réanimation, 35 ne relèvent plus d'une surveillance absolue et 3 sont décédées.