La série "Plus belle la vie" au coeur d'une polémique sur la GPA

Pour les Chiennes de garde, l’Amicale du nid et plusieurs autres associations féministes, la série présenterait la gestation pour autrui sous un jour "favorable" Elles ont saisi le CSA.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Adopter un régime alimentaire sain limiterait le risque de malformations cardiaques pour le foetus
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Elles dénoncent "un parti pris très grave." Une dizaine d’associations ont alerté le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) sur la "banalisation" de la gestation pour autrui (GPA) dans la célèbre série diffusée sur France 3.

Beaucoup appartiennent à la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS). Ce collectif avait déjà alerté les producteurs de la série télévisée mi-juillet après avoir pris connaissance du scénario de l’épisode 3847.

Une mère porteuse rencontrée en Angleterre

Céline Frémont, interprétée par Rebecca Hampton, fait croire à ses voisins, faux ventre à l'appui, qu'elle est enceinte alors qu'elle a recours à une mère porteuse rencontrée en Angleterre. L’avocate célibataire attend donc que cette femme donne naissance à son enfant. Elle compte aussi la faire venir en France juste avant l’accouchement.

 "T’as conscience que c’est complètement illégal ?", lui lance son ex-mari Vincent dans l'épisode diffusé le 23 juillet sur France 3. "C'est sans doute ma dernière chance d'être mère (...). Parfois j'ai un peu peur que l'on découvre que ce n'est pas moi qui l'ai porté mais après je vois mon bébé et je suis tellement heureuse", rétorque l'avocate. 

Une intrigue jugée "favorable" à la GPA

Dans un communiqué, la CIAMS estime que l’histoire développée dans la série "vise à rendre acceptable une pratique d’exploitation du corps des femmes, interdite en France et dans la plupart des pays d’Europe."

Pourtant plusieurs personnages signalent dans l’épisode que la pratique est interdite en France. "Mais rien ne rappelle de manière crédible et honnête les raisons de cette interdiction. La loi n’est pas là pour embêter les gens !" explique Ana Luana Stoicea Deram, la co-présidente de la CIAMS. "Tous les arguments qui montrent que la GPA est une violence pour le corps des femmes, notamment médicales, sont laissés de côtés."

Cerise sur le gâteau pour ces associations féministes : "le recours au rôle d'une jeune femme médecin comme caution médicale, scientifique et morale, sous couvert de raisons humanitaires", lit-on dans le communiqué. Dans l’épisode en question, Vincent rencontre un brillant médecin, Léa Nebout, et lui demande son avis sur la GPA. Le jeune femme se dit "plutôt pour", explique que les lois ne sont pas les même partout. Elle donne aussi un exemple personnel en expliquant que des amis ont déjà fait cette démarche. "La mère porteuse est restée dans le cercle familial et tout le monde est très heureux."

"Cette émission a jusqu'à présent toujours su donner à réfléchir"

Finalement le scénario évolue. Céline Frémont, l’avocate, se retrouve au cœur d’un trafic d’enfants plus loin dans la série. Mais pour les associations, cette "pirouette" scénaristique "n’exonère pas la production de sa responsabilité."

Ana Luana Stoicea Deram tempère : "Cette émission très suivie a jusqu’à présent toujours su donner à réfléchir. Nous espérons qu’ils feront pour la GPA ce qu’ils ont su faire pour d’autres phénomènes de sociétés."

Habituée à traiter les sujets les plus brûlants, la production de Plus belle la vie a indiqué à l'AFP qu'elle n'avait pris connaissance des courriers que lundi et qu'elle répondrait aux associations.

"On va poser la question de la marchandisation du corps, à laquelle on est très sensibles", a souligné le producteur Sébastien Charbit. "L'histoire va se dérouler sur quatre semaines avec plusieurs points de vue, comme toujours dans PBLV", a-t-il précisé sans vouloir dévoiler la fin.