Grossesse : plus de malformations congénitales avec certains antidépresseurs

Deux antidépresseurs, la parotéxine et la fluoxétine, sont associés à une augmentation du risque de malformations congénitales chez les nouveau-nés dont les mères ont été traitées au cours du premier trimestre de grossesse, selon une étude publiée le 8 juillet 2015, dans le British Medical Journal.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Adopter un régime alimentaire sain limiterait le risque de malformations cardiaques pour le foetus
Adopter un régime alimentaire sain limiterait le risque de malformations cardiaques pour le foetus

C'est une question que se posent les femmes enceintes. La consommation d'antidépresseurs pendant la grossesse peut-elle nuire au développement de l’enfant à naître ?

Pour y répondre, une équipe de chercheurs des Etats-Unis et du Canada a analysé les données issues du "National Center on Birth Defects and Developmental Disabilities", une vaste étude qui collecte depuis 1996 les informations sur les femmes enceintes en provenance de dix centres des Etats-Unis. Au total, les données recueillies par les chercheurs portaient sur 17.952 mères dont les enfants, nés entre 1997 et 2009, présentaient des malformations congénitales et 9.857 mères dont les enfants nés sur la même période ne présentaient aucune malformation.

La consommation de cinq antidépresseurs de la famille des inhibiteurs de recapture de la sérotonine (ISRS) (citalopram, escitalopram, fluoxétine, paroxétine, or sertraline) entre le premier mois avant la grossesse et le troisième mois a été étudiée chez ces femmes.

Un risque déjà suspecté

Le laboratoire commercialisant le Deroxat® (GlaxoSmithKline), dont la molécule active est la parotéxine, avait déjà mentionné un possible risque de malformations congénitales, et particulièrement cardiaques, chez les nouveau-nés de mères traitées par cette molécule durant le premier trimestre de grossesse. Ce qui a conduit à une modification de la notice qui précise désormais que le risque d'anomalies cardiovasculaires, évalué à 1% pour la population générale, augmente jusqu'à 2 % chez les mères ayant pris Deroxat. Il est ainsi conseillé aux femmes enceintes de consulter leur médecin pour décider d’un éventuel changement de traitement. Il en est de même pour le Prozac®, dont la molécule active est la fluoxétine.

Une étude suédoise de grande envergure, publiée en 2012, avait également suggéré une augmentation du risque d'hypertension artérielle pulmonaire chez les nouveau-nés de mères traitées par la parotéxine et la sertraline (Zoloft®).

Un risque faible mais confirmé pour deux molécules

L’étude publiée dans le British Medical Journal confirme le lien entre consommation de ces deux molécules et le développement de malformations congénitales. La parotéxine a ainsi été associée à une augmentation du nombre de malformations cardiaques (communication interauriculaire, obstruction du ventricule droit), de la paroi abdominale (omphalocèle et laparoschisis) et du système nerveux (anencéphalie). La fluoxétine a quant à elle été associée à une augmentation du nombre de malformations cardiaques (obstruction du ventricule droit) et crâniennes (craniosynostose).

Le risque de développer ces malformations était multiplié par 2 à 3,5. Un risque "faible" selon les chercheurs qui estiment que l’étude de l'apparition de ces malformations doit être poursuivie afin de prendre les décisions les plus sûres pour traiter la dépression pendant la grossesse.

En revanche, les chercheurs n'ont pas constaté d’augmentation du nombre de malformations liées à la prise de citalopram, escitalopram et sertraline. Ce qui est rassurant, notent-ils, car la sertraline était la molécule la plus consommée par ces femmes.

Source : Specific SSRIs and birth defects: bayesian analysis to interpret new data in the context of previous reports. Reefhuis .J et al. British Medical Journal. Juillet 2015.doi: 10.1136/bmj.h3190

Comme leur nom l’indique, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine empêchent la recapture de la sérotonine par les neurones, augmentant ainsi la concentration de ce neurotransmetteur qui a pour effet d’améliorer l'humeur dépressive et de soulager la souffrance morale.