Pourquoi respirer un air pollué favorise les états dépressifs

Inhaler un air pollué à long terme augmente le risque de dépression, selon deux vastes nouvelles études. Elles s'ajoutent aux preuves croissantes d'un effet néfaste de la pollution sur la santé mentale.

Anne-Firmine Mayala avec AFP
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Pourquoi respirer un air pollué favorise les états dépressifs
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Strasbourg, Marseille, Lyon, Paris… Ce 13 février, les plus grandes villes de France affichent des taux de pollution préoccupants. D'autant que respirer un air pollué aurait un effet néfaste sur la santé mentale, alertent deux nouvelles études.

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Particules fines, monoxyde et dioxyde d'azote...

La première étude, publiée la semaine dernière dans la revue JAMA psychiatry, a été menée sur 11 ans auprès d'une population d'environ 390 000 personnes au Royaume-Uni. Les niveaux de pollution auxquels elles étaient exposées ont été estimés en fonction de leur adresse. Les chercheurs ont examiné les taux de particules fines (PM2.5 et PM10), de dioxyde d'azote (NO2) et de monoxyde d'azote (NO). Cette pollution est notamment causée par des centrales à combustibles fossiles et la circulation routière.

Résultat : "l'exposition de long terme à de multiples polluants était associée à un risque accru de dépression et d'anxiété", affirment les chercheurs. Plus précisément, au-delà d'un niveau de concentration relativement bas, le risque de dépression augmentait. Puis il tendait à stagner par la suite.  

"En sachant que les normes de qualité de l'air de nombreux pays dépassent encore largement les dernières recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2021, des normes ou réglementations de pollution plus strictes devraient être mises en place", ont écrit les auteurs de cette étude. 

Un lien fort entre inflammation et dépression

Une seconde, publiée le 10 février dans la revue JAMA Network Open, s'est quant à elle concentrée sur l'effet des particules fines (PM2.5), du dioxyde d'azote (NO2) et de l'ozone (O3) sur les personnes de plus de 64 ans. Ces travaux sont basés sur les données de Medicare, l'assurance santé publique réservée aux personnes âgées aux Etats-Unis, et concernent une population de quelque 8,9 millions de personnes, dont environ 1,5 million de cas de dépression. 

Les résultats ici encore montrent une forte association entre pollution et dépression, notamment en observant les taux de particules fines et de dioxyde d'azote au niveau des populations défavorisées. Cette association pourrait s'expliquer par le lien observé entre de fortes concentrations de polluants et des inflammations dans le cerveau, selon les deux études. 

"Il existe un lien émergent fort entre inflammation et dépression", a commenté Oliver Robinson, professeur de neuroscience et santé mentale au University College London, n'ayant pas participé à ces recherches. Ces travaux viennent "s'ajouter aux éléments de plus en plus nombreux montrant que nous devrions nous inquiéter des effets de la pollution sur la santé mentale, en plus des liens plus évidents" avec les maladies respiratoires, a-t-il ajouté.