Ovaires polykystiques : la pilule réduirait le risque de diabète de type 2

Une étude anglaise publiée en octobre 2021 révèle que les femmes atteintes du Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ont deux fois plus de risques de développer un diabète de type 2 ou un pré-diabète. Prendre la pilule pourrait diminuer ce risque de plus de 25%.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le , mis à jour le
Ovaires polykystiques : la pilule réduirait le risque de diabète de type 2
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Un syndrome fréquent mais mal connu

Le SOPK est un trouble hormonal qui touche environ 1 femme sur 10 en âge de procréer. A cause d'une production trop élevée d'hormones mâles - les androgènes - les ovaires subissent une accumulation de follicules qui perturbent l’ovulation.

Les patientes ont généralement un cycle menstruel perturbé et peuvent avoir du mal à avoir un enfant. Beaucoup de patientes souffrent aussi d'un hirsutisme, c'est-à-dire d'une pilosité excessive, d’une perte de cheveux ou encore d’une acné, liée au taux élevé d’androgènes.  

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Un risque de diabète de type 2 plus élevé

Les patientes avec un SOPK réagissent souvent peu à l'insuline, l'hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang. La résistance de l’organisme à l’insuline (ou insuline-résistance) favorise directement l'apparition d'un diabète de type 2, le diabète le plus courant. Les androgènes en excès dans le SOPK diminuent aussi la capacité de l'organisme à traiter l'insuline. 

Une étude menée par équipe de chercheurs de l'université de Birmingham et publiée dans Diabetes Care en octobre 2021 inclut 64.051 femmes atteintes d'un SOPK et 123.545 femmes non atteintes (groupe témoin ). Les auteurs retrouvent que les patientes avec un SOPK avaient deux fois plus de risques de développer un diabète de type 2 et de pré-diabète que les femmes non atteintes. 

On connait encore mal les mécanismes qui relient le SOPK et la résistance à l'insuline. Parmi les pistes d'explication, les patientes sont souvent en surpoids, ce qui tend à favoriser une insulino-résistance.

Mais "même les patientes de poids normal ne sont pas épargnées" par le risque plus élevé de diabète, prévient l’endocrinologue Dr Michel Pugeat.

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La pilule pourrait limiter les risques de diabète

Les chercheurs retrouvent que le risque de diabète de type 2 était moins fréquent chez les patientes qui avaient pris une pilule oestroprogestative, avec une réduction du risque d'environ 25 % . Cette observation "montre pour la toute première fois qu'il y a peut-être un traitement possible" pour éviter l'apparition du diabète chez ces patientes, a estimé l'une des chercheuses, Wiebke Arlt. 

Prendre une pilule contraceptive atténue l'action des androgènes : il serait possible de mettre un terme au cercle vicieux androgène / insuline, et donc de réduire le risque de diabète. Ce n'est encore qu'une hypothèse, faite à partir d’observations rétrospectives, et il faudra la confirmer par des larges essais cliniques. 

Mieux diagnostiquer le SOPK

Mais, au delà du risque de diabète lui-même, l'endocrinologue juge surtout nécessaire de diagnostiquer le SOPK au plus tôt, dès l'adolescence. Les patientes peuvent ainsi être vite invitées à prendre des habitudes - exercice physique, alimentation - qui limiteront le risque de diabète. 

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