Automutilations : des mots pour combattre les maux

L'automutilation est un phénomène qui touche particulièrement les filles, souvent à l'adolescence. Elles se scarifient, se coupent avec des objets... Pour les aider, en plus d'un suivi thérapeutique, une psychologue propose un atelier d'écriture.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Se couper, se brûler, se gifler, se donner des coups, ou se pincer... Infliger des blessures à son corps, de façon régulière et intentionnelle, c'est ce qu'on appelle l'automutilation. Ce trouble mental révèle une souffrance profonde, et concerne particulièrement les adolescents, mais pas seulement. Paradoxalement, l'objectif de l'automutilation est d'apporter un soulagement, de gérer un trop plein d'émotions. Pour briser le tabou, des célébrités comme Johnny Depp ou Lady Diana ont révélé s'être automutilés.

Cette pratique est difficile à définir, difficile à comprendre et difficile à soigner. Pour aider ces adolescents en souffrance, une psychologue propose un outil thérapeutique original : un atelier d'écriture. Une manière pour eux de s'exprimer sur le papier pour apaiser l'irrépressible besoin d'écrire sur leur peau.

Mettre des mots sur les maux

Les adolescentes qui s'automutilent partagent toutes la même histoire : un mal-être qui les a amené à se scarifier, à s'entailler les poignets, les avant-bras, les cuisses, parfois même le torse à l'aide de compas, de lame de taille-crayons ou de rasoirs... Pour se soigner, toutes sont suivies par un psychologue et une fois par mois, elles participent à un atelier d'écriture.

Réalité ou imagination, à partir d'une phrase, les adolescentes doivent écrire un texte. L'occasion de coucher sur le papier leurs pensées et émotions, sans aucun filtre. "Plutôt que d'écrire sur le corps, je leur propose d'écrire sur le papier comme moyen de se décharger, d'enlever, de dépasser leurs problèmes, leurs difficultés. Ce passage se fait avec un accompagnement thérapeutique, ce n'est pas juste un changement de support. Mais il y a un besoin de faire sortir, de projeter hors de soi ce qui encombre à l'intérieur", explique Catherine Rioult, psychologue clinicienne.

Tour à tour, chacune lit son texte à voix haute. Puis, les participantes échangent. "La dynamique de groupe est très importante, souligne la psychologue, car quand elles se scarifient, elles sont seules. Le fait de pouvoir en parler, d'évoquer leur mal-être à d'autres dédramatise aussi. Elles se rendent compte qu'il n'y a pas qu'elles qui peuvent être mal et que d'autres le sont aussi et qu'elles peuvent le partager". Dans cet espace-temps, ces adolescents n'ont plus honte. Grâce à l'écriture, elles révèlent un peu de leurs blessures intérieures indicibles.

Livre :

  • Ados : scarifications et guérison par l'écriture
    Catherine Rioult
    Ed. Odile Jacob, octobre 2013