Obésité : des médecins canadiens revoient sa définition

“Obésité chez les adultes : un guide de pratique clinique” est le nom d’une nouvelle directive clinique canadienne. Des médecins et des chirurgiens bariatriques y proposent de mieux prendre en compte l’état de santé des personnes obèses. 

Victoire Panouillet
Rédigé le , mis à jour le
Des médecins canadiens demandent à ce que l'IMC ne soit plus le seul critère de l'obésité.
Des médecins canadiens demandent à ce que l'IMC ne soit plus le seul critère de l'obésité.

Désacraliser l’IMC. C’est ce que propose une nouvelle directive clinique canadienne publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne. Elle est destinée à être utilisée par les médecins pour diagnostiquer et traiter une maladie chez un patient obèse. 

Les recommandations invitent les spécialistes de la santé à définir l’obésité par l’état de santé, et non plus seulement par rapport à l’indice de masse corporelle (IMC). Le poids ne doit plus être le seul facteur à prendre en compte chez les personnes obèses. 

Grossophobie médicale

La directive alerte également sur la grossophobie médicale : “Le récit culturel dominant concernant l’obésité alimente les hypothèses sur l’irresponsabilité personnelle et le manque de volonté et jette le blâme et la honte sur les personnes atteintes d’obésité”. 

Elle invite à lutter contre cette stigmatisation liée au poids dans le système de santé : “Les personnes atteintes d'obésité font face à des préjugés et à une stigmatisation, qui contribuent à une morbidité et une mortalité accrues indépendamment du poids ou de l'indice de masse corporelle”. 

Une maladie chronique

Les praticiens sont invités à reconnaître que “l’obésité est une maladie chronique qui nécessite des conseils”. Ils doivent “aider leurs patients à traiter cette maladie de manière impartiale”. Pour cela des “mesures appropriées qui identifient les causes profondes, les complications et les obstacles au traitement de l’obésité” doivent être mis en place.  

Un traitement qui doit passer par une thérapie nutritionnelle et une activité physique, mais aussi des thérapies d’appoint, comme une prise en charge psychologique, médicamenteuse et chirurgicale. L’objectif est d’accompagner les personnes obèses physiquement, mais aussi psychologiquement. 

Une prise en charge rapide et bienveillante

La directive rappelle l’importance de la discussion entre le patient et le médecin. Ensemble, ils doivent “s’entendre sur les objectifs de la thérapie”. Un lien de confiance doit naître entre eux. Le personnel soignant doit également “s’engager auprès du patient dans le suivi et ré-évaluer en continue son traitement”. 

Il est important de prendre en charge rapidement cette maladie chronique car les personnes atteintes d’obésité ont “des facteurs de risque majeurs pour un certain nombre de maladies chroniques, parmi lesquelles le diabète, les maladies cardio-vasculaires et le cancer”, indique l’OMS. 

Une grossophobie omniprésente

17 % de la population adulte est obèse en France. Cela représente 8 millions de personnes, allant de l’obésité simple à l’obésité sévère et/ou complexe. En 2019, le gouvernement a proposé une feuille de route qui visait “à structurer et à mettre en oeuvre des parcours de santé gradués et coordonnés, adaptés aux personnes obèses ou à risque de le devenir, en veillant particulièrement à réduire les inégalités d’accès aux soins et améliorer la qualité des prises en charge”. 

Malgré ces directives, la grossophobie semble toujours très présente en France et le collectif national des Associations d’Obèses dénonçait récemment sur notre site internet la méconnaissance du grand public au sujet de cette maladie.