Des médecins veulent sensibiliser les futures mères aux dangers des perturbateurs endocriniens

L’association Alerte des Médecins sur les Pesticides (AMLP) lance ce 12 mai une campagne dans le Limousin destinée à sensibiliser les femmes enceintes sur les risques liés à une exposition aux perturbateurs endocriniens.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé, un perturbateur endocrinien est une substance extérieure à l’organisme, qui altère des fonctions liées aux organes qui sécrètent des hormones (thyroïde, ovaires, testicules, hypophyse...), avec un effet délétère sur la santé des individus, voire de leur descendance. Elle peut altérer  la synthèse, le transport, la dégradation ou le mode d'action des hormones.

Les risques associés à toute substance chimique dépendent, par définition, des doses auxquelles un individu ou une population est exposée. Mais l’association Alerte des Médecins sur les Pesticides (AMLP) juge que les notions classiques de toxicologie sont mises à mal par les recherches récentes sur les perturbateurs endocriniens. "Un effet peut apparaître à des doses faibles et disparaître à fortes doses", explique-t-elle dans un communiqué. "Les conséquences en terme de protection sanitaire sont considérables, puisqu'il ne faut plus dans ce cas se contenter de tests à fortes doses pour vérifier l'innocuité d'une substance". En outre, "ce n'est plus la dose mais le moment d'exposition qui devient crucial : les perturbations sont d'autant plus graves qu'elles se produisent à certaines périodes du développement particulièrement sensibles (période fœtale, petite enfance, puberté). Et les effets induits peuvent être retardés dans le temps".

Si, dans le cas de certaines substances, de tels effets sont seulement "plausibles" d’un point de vue chimique et biologique, pour d’autres, ils sont formellement avérés (c’est notamment le cas du bisphénol A).

Appel à la vigilance pour les femmes enceintes

Considérant que la grossesse constitue "une période de vulnérabilité maximale", mais aussi "parce que les jeunes couples sont plus attentifs aux conseils concernant le futur bébé et que les bonnes habitudes se prennent tôt", l’AMLP propose aux médecins du Limousin d’afficher dans les salles d’attente des affiches de sensibilisation, et de tenir à disposition des brochures d’information.

L’AMLP a dressé une liste de gestes simples pour réduire au maximum les risques (avérés ou non) liés aux perturbateurs endocriniens. Elle invite ainsi les futurs parents à utiliser des récipients en verre, et à éviter les poêles revêtues de Téflon®, ou à privilégier les aliments frais, et bio, "car 65 % des fruits et 30 % des légumes contiennent des résidus de pesticides".

Elle note que le ministère danois de la Santé "recommande d'utiliser le moins possible de cosmétiques pendant la grossesse et l'allaitement, de ne pas se teindre les cheveux, ainsi que de ne pas utiliser de parfum", mais "aussi de bannir les peintures et les produits vendus en spray et de laver tous les objets, en particulier les vêtements destinés au bébé".

L’AMLP évoque également la question de "l'effet cocktail" : "plusieurs composés, à faibles doses, agissant sur les mêmes mécanismes biologiques, peuvent ensemble perturber l'organisme sans que chacun, pris isolément, n'ait d'effet. Par ailleurs, il peut y avoir des interactions entre perturbateurs endocriniens agissant par des mécanismes différents."