Une consommation ponctuelle d'alcool a-t-elle un impact sur le cerveau ?

Une consommation ponctuelle d'alcool a-t-elle un réel impact sur le cerveau et si oui, de quelle manière ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Dr Michel Reynaud, psychiatre addictologue :

"Globalement une cuite de temps en temps n'entraîne pas forcément un problème cérébral. Des études sont sorties, elles ont été faites au Canada, en Belgique. Ces études montrent que c'est plutôt les binge drinkers importants et répétés qui ont des altérations de leurs capacités et des altérations des circuits cérébraux.

"Ces altérations sont vraisemblablement définitives, mais c'est compliqué car on connaît bien les encéphalopathies des alcooliques, on sait qu'elles peuvent régresser, on sait qu'il y a des capacités du cerveau à compenser, c'est-à-dire qu'ils vont être impulsifs et auront plus de mal à contrôler et ils vont être ralentis… Mais il existe des circuits de compensation qui permettent longtemps de tenir même avec des consommations importantes. Il existe des compensations jusqu'à un certain point. Mais c'est plutôt les gros consommateurs d'alcool qui abîment leur cerveau. Il faut d'ailleurs rappeler que c'est l'alcool qui abîme le cerveau.

"L'héroïne, la nicotine, le cannabis… abîment des récepteurs, mais l'alcool rabote des neurones, il les détruit. L'alcool est un produit très dangereux. Mais c'est un produit très dangereux quand on le consomme de façon importante et qu'on a des répétitions de ces consommations. C'est plutôt vers ceux qui prennent dix à quinze verres chez lesquels on a montré ces altérations cérébrales.

"Tout le monde se représente bien l'accident de voiture, se représente bien la violence, se représente bien les relations sexuelles non protégées ou non consenties, on se représente bien la dépendance… En revanche, on insiste sur le fait que chez les gros binge drinkers il y a des altérations sociales avec des difficultés scolaires. Les jeunes qui consomment trop d'alcool ont plus de difficultés d'adaptation à l'école, à l'université, dans leur travail et ensuite il peut y avoir une sorte de spirale qui les exclut encore plus.

"Les chercheurs montrent aussi que quand on boit, on trouve soit tout le monde gentil, soit tout le monde méchant selon ce que l'on a au fond de soi. Il y a une hyper-perception d'un visage et donc on se sent proche car l'alcool rend amoureux, amical… ou au contraire chez certains, l'alcool suscite la méfiance, la paranoïa… Il y a alors une erreur dans la perception de la signification des visages et des émotions."