Don d'organes : comment augmenter le nombre de prélèvements en cas d'arrêt cardiaque ?

Comment savoir si un patient victime d'un arrêt cardiaque a des chances de s'en sortir ? Une étude française, publiée dans Annals of Internal Medicine, propose trois nouveaux critères pour identifier ces malades précocement. L'objectif est de pouvoir envisager un don d'organes. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Des équipes pluridisciplinaires de l’AP-HP, Inserm et Université Paris-Descartes ont mené une étude dont le but était de définir trois critères permettant d'identifier de manière précoce des patients en arrêt cardiaque ne présentant aucune chance de survie. "Le premier critère est l’absence d’équipe médicale témoin au moment de l’arrêt cardiaque. Le deuxième critère, c’est l’absence de rythme cardiaque choquable, autrement dit l’équivalent d’un tracé plat. Et enfin le troisième critère est lié à une durée : c’est l’absence de retour à la conscience pendant l’administration de trois ampoules d’adrénaline", explique Pr Xavier Jouven, chef du pôle cardiologie de l'Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP).

Ces critères ont été évalués sur 1.771 patients en arrêt cardiaque étudiés par le Centre d'expertise mort subite (CEMS) de Paris pendant un an. Les résultats ont montré que les 772 patients répondant aux critères objectifs ci-dessus avaient un taux de survie de 0%. Ces résultats ont été validés prospectivement sur plus de 5.000 patients en arrêt cardiaque en France et aux Etats-Unis.

Des données qui permettraient aux médecins de ne pas réanimer inutilement les patients, au risque d'endommager leurs organes. Car les patients victimes d'arrêt cardiaque représentent une source potentielle importante de greffons, pourtant sous-utilisée. "Maintenant qu’on a franchi cette première étape indispensable, on peut avec une certaine sérénité envisager que sur les 40.000 patients décédés par mort subite en France, un certain nombre puisse éventuellement être proposés pour un don d'organe", affirme Pr Xavier Jouven. "Là, on a une possibilité que quelqu’un soit décédé, pas pour rien, il est décédé, mais il pourra aider des gens à vivre", poursuit-il.

L'objectif serait d'augmenter le nombre de dons de reins. La France compte près de 300.000 insuffisants rénaux sévères sont 12.000 sont en attente de greffe. En 2012, près de 260 patients sont décédés faute de transplantation rénale.

Etude de référence : "Early Identification of Patients With Out-of-Hospital Cardiac Arrest With No Chance of Survival and Consideration for Organ Donation", Ann Intern Med.,13 September 2016, doi:10.7326/M16-0402