Comment réagir face à un arrêt cardiaque ?

La crise cardiaque fait de nombreuses victimes chaque année et elle peut toucher n'importe qui. Comment la reconnaître et comment réagir ? Quelques gestes simples, comme le massage cardiaque, peuvent faire repartir le coeur et éviter de lourdes séquelles à la victime. Apprenez ces gestes qui sauvent avec le Dr Clémence Baudouin, médecin urgentiste.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
"Comment réagir face à un arrêt cardiaque", chronique du Dr Clémence Baudouin, médecin urgentiste, du 10 janvier 2019
"Comment réagir face à un arrêt cardiaque", chronique du Dr Clémence Baudouin, médecin urgentiste, du 10 janvier 2019

On dénombre environ 50.000 victimes d'arrêt cardiaque inopiné par an en France. Avec un pronostic qui reste gravissime et un taux de survie de moins de 10%, voire 5%.

Pratiquer les gestes de premiers secours le plus vite possible peut permettre d'améliorer la survie des patients. Mais les témoins ont souvent "peur de mal faire" ou "ils ne savent pas faire" et préfèrent attendre "les secours (qui) arrivent vite en France" selon eux. Mais ce n'est pas le cas, les secours mettent souvent plus de dix minutes, et si on attend leur arrivée, le patient n'a aucune chance de survivre.

Qu'est-ce qu'un arrêt cardiaque ?

L'arrêt cardiaque correspond à un arrêt du fonctionnement du coeur qui n'a plus d'activité électrique ou qui a une activité électrique anarchique qui ne lui permet pas de faire son travail de pompe, c'est-à-dire d'envoyer du sang à tous les organes et en premier lieu au cerveau. Chaque minute compte !  

Chaque minute qui passe sans que la victime ne soit massée ou sans que le coeur ne reparte, c'est du temps sans que le cerveau ne soit irrigué, et c'est 10% de survie en moins.

Il est donc absolument indispensable d'agir immédiatement, d'autant plus que la majorité des arrêts cardiaques "inopinés" se produisent devant des témoins : dans un lieu public, sur un terrain de sport, sur le lieu de travail, ou à domicile...

La chaîne de survie

Trois gestes principaux doivent être retenus. Ils appartiennent à ce qu'on appelle la chaîne de survie :

  • Premier geste : alerter les secours
  • Deuxième geste : débuter le massage cardiaque
  • Troisième geste : aller chercher et utiliser un défibrillateur
     

Il est parfois possible d'avoir des signes avant-coureurs comme une sensation de malaise ou une douleur à la poitrine. Comment réagir ? Tout d'abord, il faut reconnaître l'arrêt cardiaque.

  • La victime ne répond pas, elle est inconsciente mais respire-t-elle ?
  • La victime ne respire pas (ou respiration anormale : gasps), c'est un arrêt cardiaque.
  • Il n'est pas nécessaire de prendre le pouls, c'est trop aléatoire, et on peut se tromper.
     

Il faut alerter les secours et si on est seul, on crie pour appeler à l'aide, puis appeler le 15 pour se faire localiser rapidement. Il faut mettre si possible le téléphone en haut-parleur afin de commencer le massage au plus vite. 

Si plusieurs personnes sont présentes, il faut faire appeler le 15 par un autre témoin, commencer directement le massage cardiaque, et demander à la personne d'aller chercher un défibrillateur si on se trouve sur un lieu public ou une voie publique.

Comment faire un massage cardiaque ?

Le massage cardiaque sert à remplacer le travail du coeur pour faire circuler le sang et perfuser les organes.

Pour effectuer un massage cardiaque efficace :

  • Agenouillez-vous à côté de la victime
  • Placez le talon d'une de vos mains au milieu de la poitrine nue, puis le talon de l'autre main sur la première main.
  • Solidarisez les deux mains, n'appuyez ni sur les côtes, ni sur la partie inférieure du sternum.
  • Maintenez les mains en position sur le sternum et positionnez-vous de façon que les épaules soient à l'aplomb de la poitrine de la victime.
  • Les bras tendus, comprimez verticalement le sternum en l'enfonçant de 5 à 6 cm sur le rythme de "Staying alive" ou de la "Macarena".
  • Massez jusqu'à l'arrivée des secours sans vous arrêter. Si vous êtes plusieurs, vous pouvez vous relayer car le massage cardiaque peut être fatigant.
  • Après chaque pression, laissez la poitrine de la victime reprendre sa position initiale afin de permettre au sang de revenir vers le coeur.
     

Ne pratiquez pas le bouche à bouche, la priorité est au massage cardiaque. Donc pratiquez un massage en continu.

Y a-t-il un risque de mal faire ?

On peut risquer de casser une côte mais c'est un moindre risque et faire un massage cardiaque alors que le patient n'est finalement pas en arrêt n'est pas un risque. Le seul risque est de ne rien faire. Il ne faut donc pas hésiter. Il n'y aura pas de mal à faire un massage cardiaque même à l'excès.

Quand et comment utilise-t-on le défibrillateur ?

Beaucoup d'arrêts cardiaques inopinés sont liés à un problème cardiaque et dans ce cas, dans les premières minutes, le coeur peut être en fibrillation, cette fameuse activité électrique anarchique qui n'est pas efficace. La seule façon de faire repartir le coeur est de pratiquer rapidement un choc électrique externe.

Quand c'est le cas, la défibrillation précoce améliore considérablement les chances de survie. En pratique toute personne, même non soignant, peut utiliser sans risque et sans difficulté un défibrillateur. On trouve les DAE ou Défibrillateurs Automatisés Externes dans les lieux publics. Il existe des applications pour géolocaliser.

Il faut s'assurer que la peau est sèche. Il faut savoir où poser les patchs pendant le massage. Ensuite, il faut se laisser guider par l'appareil qui donne toutes les indications nécessaires. L'analyse est faite toutes les deux minutes avec une question : choc ou pas choc ? Il faut rester un peu à distance de la personne.

Attention : le défibrillateur ne fait pas le massage, il faut donc continuer à faire les compressions thoraciques en dehors des analyses !

En résumé, il faut Appeler, Masser, Défibriller et le poursuivre jusqu'à l'arrivée des secours qui prendront le relais. Nous sommes tous concernés par la prise en charge de l'arrêt cardiaque. Tout le monde peut agir et tenter de sauver une vie et il ne faut surtout pas avoir peur de débuter les premiers gestes. Si vous ne savez pas faire, quelqu'un peut vous guider à la régulation du 15 ou du 18.

Janvier étant le mois des résolutions, c'est toujours le bon moment de se poser la question d'apprendre les gestes qui sauvent !