Pollution : les particules ultrafines, un danger pour les enfants !

L’Anses a confirmé ce mardi 16 juillet l’existence d’effets néfastes sur la santé de la pollution aux particules ultrafines. Elle relève un risque sur les performances cognitives de l’enfant et le faible poids de naissance.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pollution : les particules ultrafines, un danger pour les enfants !
Crédits Photo : © Pixabay / shilin wang

L’Anses a passé aux cribles des études sur les particules de l'air ambiant extérieur et leur impact sur la santé en fonction de leur composition, leur source et leur taille. "Nous avons regardé s'il y a des effets sur la santé en lien avec certains composés des particules ou en fonction de leur taille ou de leur source" explique Guillaume Boulanger, de l'unité d'évolution des risques liés à l'air à l'Anses.

De nombreuses preuves "d'effets néfastes" pour la santé

Résultat : il existe de nombreuses preuves "d'effets néfastes pour la santé concernant le carbone suie, le carbone organique et les particules ultrafines " selon l'Anses. Ces particules sont notamment issues du trafic routier mais aussi de l'industrie ou du chauffage au bois. Ce sont des poussières en suspension, invisibles à l’œil nu, tellement petites qu’elles pénètrent jusqu’à la circulation sanguine.

Les particules sont des poussières en suspension, invisibles à l’œil nu. Elles sont notées PM (« Particule Matter » en anglais).

On distingue plusieurs particules en fonction de leur taille :

  • Les particules « grossières » PM 10, de taille inférieure à 10 micromètres (8 fois plus petite que le diamètre d’un cheveu). Elles pénètrent dans l’appareil respiratoire.
  • Les particules fines PM 2,5 de taille inférieure ou égale à 2,5  micromètres (comme une bactérie). Elles vont au plus profond des voies respiratoires (alvéoles).
  • Les particules ultrafines PM 0,1 de taille inférieure à 0,1 micromètre. Ce sont des nanoparticules. Elles pénètrent dans toutes les voies respiratoires et le sang.

Des effets au niveau respiratoire ou cardiovasculaire

"Les particules ultrafines ont des effets au niveau respiratoire ou cardiovasculaire : elles vont dans l'arbre respiratoire, jusqu'aux alvéoles et elles rejoignent la circulation sanguine" indique Guillaume Boulanger.

Quant aux carbone suie et carbone organique, ils comprennent "des composés très réactifs qui vont créer des inflammations au niveau respiratoire plus importantes et ils peuvent aussi provoquer des cancers" selon l’Anses.

Le carbone suie et les particules ultra fines pourraient aussi avoir un impact "sur le développement des performances cognitives de l'enfant", et le carbone suie un rôle sur le "faible poids des naissances", selon l'Anses, selon qui des données supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer ce lien.

Ce constat ne surprend pas le Dr Gilles Dixsaut, président du Comité national contre les maladies respiratoires. « On sait depuis le début des années 2000 que les particules ultrafines sont dangereuses. Elles pénètrent le sang : chez la femme enceinte, elles atteignent le fœtus par le placenta et l’effet inflammatoire entrave le développement du fœtus ». 

Les enfants sont plus fragiles face à la pollution

« Les enfants sont plus fragiles face à la pollution car leur organisme n’a pas encore une bonne capacité d’élimination des produits toxiques, confirme le Dr Nhan Pham Ti, pneumo allergologue. La pollution de l’air les surexpose à l’asthme, aux infections ORL. »

L’Anses insiste sur la nécessité de promouvoir des technologies alternatives réduisant les polluants.

« Il est urgent d’agir, estime le pédiatre Nhan Pham Ti. La pollution est une grande tueuse silencieuse. Même en dehors de pics, il faut s’inquiéter. C’est l’exposition chronique à la pollution qui pose problème. Il faut s’attaquer au problème à la source. Les conseils pratiques dispensés aux parents tels qu’« utiliser une poussette haute, éviter les trottoirs des grands axes routiers » sont dérisoires. »

Pour le Dr Gilles Dixsaut, président du Comité national contre les maladies respiratoires, le rapport de l’Anses édulcore la réalité des dangers de la pollution. « Les mesures de la pollution aujourd’hui ne sont pas pertinentes, on mesure la pollution telle qu’elle existait dans les années 50, explique le physiologiste, « seules les particules grossières font l’objet d’une surveillance réglementaire alors que les particules fines – connues depuis les début des années 2000 -  sont les plus dangereuses. Ainsi, lors du dernier pic de pollution au moment de la canicule, (fin juin- début juillet 2019), les particules ultrafines étaient en hausse car elles proviennent des véhicules récents ».

Les conséquences sanitaires de l'exposition aux particules fines sont déjà connues. Selon l'agence Santé publique France, elle entraîne chaque année 48.000 morts prématurées dans le pays.