La pollution de l'air du métro menace la santé des employés
L'Anses a publié mercredi un rapport mettant en garde les employés de métros et des gares souterraines sur les risques sanitaires liés à la pollution aux particules élevée dans ces enceintes.
Si on associe systématiquement la pollution des grandes villes à la circulation automobile, on oublie souvent le métro. Pourtant, les concentrations de particules fines relevées dans les enceintes ferroviaires souterraines (EFS) sont bien supérieures aux taux maximums recommandés par les autorités sanitaires.
Plus que les usagers, qui ne sont que de passage, ce sont les employés des métros et des gares souterraines qui sont les plus exposés, selon l'Agence nationale en charge de la sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Dans un rapport publié mercredi 9 septembre 2015, l'Anses conclut à "l'existence d'un risque sanitaire respiratoire et cardiovasculaire lié à l'exposition chronique des travailleurs aux particules de l'air des enceintes ferroviaires souterraines".
Ainsi, les concentrations de particules fines de type PM10 (inférieures à 10 microns soit 0,01 millimètre) et PM2,5 (inférieures 0,0025 millimètre), mesurées dans les EFS (métro, RER) de Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Toulouse et Rouen et à l'étranger sont très supérieures à celles mesurées dans l'air extérieur et dans l'air intérieur des logements.
En effet, la concentration sur le quai des PM10 se situe entre 70 et 120 μg/m3 d'air sur 24h, avec des pics pouvant atteindre 1000 μg/m3 d'air en une heure (voire 2380 μg/m3 pour le RER A parisien) sur les stations et les voies de fortes affluences ! A titre de comparaison, les particules fines de l'extérieur, issues principalement de la circulation routière, ont une concentration moyenne de 30 μg/m3, et l'OMS recommande de ne pas dépasser les 50 μg/m3 d'air en 24h…
Une toxicité à long terme méconnue mais "probable"
Riches en métaux, principalement en fer et en carbone, ces particules proviennent essentiellement de l'usure du matériel roulant, en particulier de la friction des freins sur les roues des rames et du contact entre les roues des wagons et les rails.
Différentes des particules présentes à l'extérieur, elles ont été très peu étudiées. L'Anses n'a donc pas pu établir clairement l'existence de leur toxicité. Les données disponibles suggèrent cependant qu'elles sont "au moins aussi toxiques à court terme que les particules de l'air ambiant extérieur". L'exposition chronique à ces particules fines, dont les plus petites peuvent pénètrer dans les alvéoles pulmonaires, entraîne "probablement" une "inflammation des voies respiratoires".
Parmi les quelques 28 000 agents qui travaillent dans les EFS français (dont 26 000 en Île-de-France), les plus exposés aux PM10 sont les conducteurs des rames de métros (155 μg/m3), puis les agents de manœuvres et de contrôle (130 μg/m3), et les agents de recette (75 μg/m3). La situation est sensiblement la même pour les PM2,5.
Des mesures de prévention sont essentielles
L'agence invite donc à prendre des "mesures de prévention". L'amélioration du système de ventilation des stations et des tunnels, ou la réduction des émissions lors du freinage, en limitant l'utilisation de freins mécaniques et en réduisant le phénomène de friction des roues sur les rails, sont des pistes proposées par l'Anses.
Si l'Anses ne peut pas recommander "sur la base de critères strictement sanitaires, une valeur limite d'exposition à long terme" de particules fines pour ces employés, elle conseille cependant d'en élaborer une et de renforcer la surveillance de la qualité de l'air dans ces lieux souterrains.
Avec AFP