Le Malawi face à une épidémie de choléra

Au Malawi, près du lac Chilwa dans le sud-est du pays, une épidémie de choléra s'est déclarée le 19 décembre 2015. L'organisation humanitaire Médecins sans frontières intervient dans cette région pour traiter les malades, mais aussi pour lancer une campagne de vaccination massive.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Namanja, un petit centre de traitement du choléra au nord du lac Chilwa. À l'abri des regards, des patients atteints de la maladie sont soignés. Mustapha, un pêcheur de 36 ans, a attrapé le choléra une journée avant son arrivée dans le centre : "J'ai commencé à avoir des diarrhées en me réveillant mais je pensais que ce n'était rien. Elles ont empiré pendant que je pêchais. Alors des amis m'ont mis sur un bateau et m'ont amené jusqu'au rivage. Je ne suis arrivé que tard dans la nuit au centre de soins. Depuis je suis dans le centre, les traitements que les médecins me font prendre améliorent mon état de santé. Les diarrhées ont cessé mais je continue à avoir des vomissements de temps en temps", confie le pêcheur.

Mustapha a eu de la chance, ce qui n'est pas le cas de tout le monde, comme l'explique Leila El Harhour, infirmière MSF : "Le choléra est facile à traiter mais il est essentiel que les personnes puissent arriver très rapidement au lieu de soins, sinon ils en meurent en quelques heures". Pour traiter le choléra, les patients doivent être réhydratés dans les plus brefs délais, par voie orale ou par voie intraveineuse pour les cas les plus graves.

Au sein du camp, les consignes d'hygiène sont très strictes. Les mains et les chaussures sont désinfectées deux fois de suite afin de ne pas transporter la maladie. Pour accueillir les patients, il faut aussi un équipement adapté. Deux mois après le début de l'épidémie de choléra, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières a pris en charge plus de 700 patients, dont 22 ont succombé. Mais il existe un autre moyen pour endiguer la propagation du choléra, une campagne de vaccination massive.

Alors que le soleil se lève à peine, les logisticiens vaccination de MSF s'occupent de la gestion des vaccins avant leur acheminement. La première étape est primordiale et se fait dans l'urgence. Ils doivent préparer des pains de glace pour maintenir au frais les vaccins. Lorsque cette étape est terminée, les logisticiens préparent les boîtes qui transporteront les vaccins.

Quelques heures après le début des préparatifs, les vaccins sont prêts à partir pour le lac Chilwa. Un trajet de près d'une heure et demie sur une piste parfois difficile. Au bord du lac, les équipes malawites prennent le relais. Pas de temps à perdre, alors les logisticiens de MSF donnent la marche à suivre.

Le vaccin doit être rapidement distribué sur les îles du lac mais aussi sur une vingtaine de maisons flottantes. Les équipes malawites partent donc rapidement pour stocker les vaccins sur les îles avoisinantes. Les nuits sont courtes et la vaccination des pêcheurs débute le lendemain matin aux aurores.

Une campagne de vaccination massive

Le choléra est une infection diarrhéique foudroyante. Si les malades ne sont pas pris en charge rapidement, ils peuvent en mourir en seulement quelques heures.
Le choléra est une infection diarrhéique foudroyante. Si les malades ne sont pas pris en charge rapidement, ils peuvent en mourir en seulement quelques heures.

Très tôt le matin, sur les rives du lac Chilwa, les logisticiens de Médecins sans frontières donnent les dernières consignes aux équipes malawites avant qu'elles ne prennent le large. Leur objectif : vacciner autant de personnes que possible dans la journée. Ils sont obligés de prendre un bateau. Une communauté de 6.000 pêcheurs vit au milieu du lac sur des maisons flottantes.

Labana Steven s'occupe de la distribution du vaccin. Il travaille pour MSF au Malawi depuis presque 20 ans. Il connaît bien les pêcheurs de la région qui vivent dans des conditions particulièrement difficiles : "Ils vivent sur le lac et ils utilisent l'eau du lac comme leurs toilettes. Ils s'en servent même pour boire. Donc nous pensons, nous sommes même certains, qu'en vaccinant cette communauté, nous protégeons aussi les populations qui vivent autour du lac", explique-t-il. Car le choléra se contracte en effet principalement en ingérant de l'eau souillée.

Le traitement se prend par voie orale ce qui facilite considérablement la vaccination. Les pêcheurs reçoivent également quelques recommandations sur l'hygiène. Pour que le vaccin soit efficace, il faut prendre deux doses à deux semaines d'intervalle. En pleine saison de la pêche, Labana sait qu'il ne reverra sûrement jamais tous les pêcheurs alors il s'adapte : "Je mets dans un sachet la carte de vaccination ainsi que la deuxième dose du vaccin. Ils peuvent ainsi s'administrer la deuxième dose eux-mêmes".

En une semaine, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières a atteint son objectif : vacciner plus de 80.000 personnes et le nombre de cas de choléra s'est stabilisé.