Meph, 4-FA... les nouvelles drogues qui inquiètent

"Meph", "Bubble" ou "Miaou-Miaou"... Ces appellations désignent toutes un même stimulant festif : la méphédrone, un dérivé du Khat, une plante stimulante d'Afrique de l'Est et dont les effets se rapprochent de ceux de l'ecstasy.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Drogues, alcool : les bons réflexes à adopter en cas d'addiction
Drogues, alcool : les bons réflexes à adopter en cas d'addiction  —  Allo Docteurs - Newen Digital

Les drogues de synthèses sont nombreuses et leur usage se multiplie en France. Zoom sur la Meph et la 4-Fa qui ont fait leur entrée en France ces dernières années.

La meph

La meph est euphorisante,  anorexigène (coupe-faim) et désinhibante, mais elle a aussi ses revers.

Les effets surviennent quelques minutes après une prise de méphédrone (par sniff) ou après 45 minutes (voie orale). L’effet propre du produit dure 2 à 3 heures. Le temps de retour à un état normal est très variable selon les personnes. Certains décrivent une deuxième phase très violente, caractérisée par des crises d’angoisse et de paranoïa, des maux de tête importants, notamment avec des effets de "brainzap" (sensation de recevoir des décharges électriques). Cette phase est décrite comme longue, pouvant s’étendre sur plusieurs jours.

Les effets secondaires possibles sont des tachycardies, une forte irritation nasale suite à l’inhalation de la poudre, un bruxisme (grincement compulsif des dents) ainsi qu’une nervosité et une forte envie de reprendre immédiatement une autre dose. Une vasoconstriction périphérique ainsi qu’une perte de mémoire (réversible) à court terme ont également été signalés. Il existe très peu d’informations sur sa toxicité à long terme, sur son potentiel de dépendance et sur ses interactions avec d’autres psychotropes.

Encore peu consommée en France, elle inquiète les autorités car elle est représentative d'un nouveau phénomène : l'accessibilité de ces drogues de synthèse via Internet. Un marché où tout s'achète et tout se vend et sur lequel les autorités n'ont aucun contrôle.

Les autorités sanitaires françaises ont classé la méphédrone comme stupéfiant par un arrêté paru au Journal officiel le 11 juin 2010, rendant son usage et son commerce illicite. Mais toute substance déclarée illicite engendre de nouveaux produits qui circulent sur Internet et dont on ne mesure pas les conséquences dévastatrices sur la santé des usagers. 

La 4-FA

La chronique du Dr William Lowenstein, addictologue (28 mars 2011)
La chronique du Dr William Lowenstein, addictologue (28 mars 2011)

La 4-FA (4 Fluoro Amphétamine) est une drogue de synthèse appartenant à la famille des amphétamines. Elle a fait l'objet de plusieurs signalements récents en France et en Europe. Elle vient d'être classée dans la catégorie des stupéfiants, et l'est déjà depuis 2007, dont différents pays dont Israël, le Danemark, la Suède et la Croatie. Sous forme de poudre ou de petits comprimés, elle est sniffée, "gobée" (avalée) ou même injectée. Ses effets positifs initiaux sont assez proches des amphétamines ou de l'ecstasy (MDMA) : euphorie, exaltation, résistance physique à la fatigue, envie de communication, de contacts et d'action avec tendance hypomaniaque. Selon des échanges sur les forums de discussion sur Internet, la durée d'action serait plus longue que celle de l'ecstasy ainsi que la "descente" qui pourrait durée de 12 à 72 heures avec fatigue, dépression aiguë, douleurs musculaires, voire crise de panique.

Il existe peu de données sur l'abus et la dépendance à la 4-FA. En 2009, en Angleterre, deux décès ont été liés à la prise répétée de cette drogue de synthèse. On n'en sait pas beaucoup plus pour l'instant. Après la catastrophe sanitaire du Médiator®, on ne peut que rappeler les dangers de toutes les molécules appartenant ou proches de la famille des amphétamines et notamment les risques cardiaques et d'hypertension artérielle pulmonaires, risques qui peuvent être mortels.

C'est justement pour ces risques que les médicaments amphétaminiques, comme le Fringanor® et le Captagon® ont été interdits, car outre des dépendances sévères avec crises maniaques ou paranoïaques, ils entraînaient des lésions des vaisseaux artériels pulmonaires, lésions irréversibles dont le seul traitement était... la greffe cœur/poumon ! Pour perdre quelques kilos avant l'été et la plage ou pour se booster avant des examens universitaires ou des concours, c'était donc très chèrement payé !

Si c'est interdit, comment s'y prennent ceux qui vont les fabriquer et les faire circuler, ces nouvelles drogues ? Il s'agit de chimistes peu scrupuleux, des apprentis sorciers, des étudiants en pharmacie ou des chanteurs connus (comme en Nouvelle-Zélande) qui se transforment en chefs d'entreprise et créent chaque année de nouvelles molécules au sein de laboratoires plus ou moins équipés. En 2008, 13 nouvelles drogues de synthèse ont été repérées par l'Observatoire européen des drogues. En 2009, le chiffre était passé à 24 nouvelles molécules ! En 2010 : au moins 27, etc.

Ces substances sont synthétisées dans des petits laboratoires "discrets" aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni, et pas seulement en Chine ou en Nouvelle-Zélande.

Avec la 4-FA, nous avons évoqué la famille amphétaminique, à laquelle appartient également l'ecstasy ou MDMA, mais il existe d'autres familles de molécules synthétisées sans grande difficulté : les cannabis de synthèse, la Mephedrome (qui a le plus inquiété au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande et a été interdite en 2010, avant même qu'elle n'arrive en France !), la famille du LSD, etc.

Comment sont-elles diffusées ? Certes, les dealers sont aujourd'hui "multicartes" et ont parfois dans leur sac ou dans leur valise 5 à 10 produits différents, mais le fabricant et le livreur associé sont sur la toile ! Un clic et toutes ces nouvelles substances, tant qu'elles n'ont pas été interdites, peuvent être commandés sur Internet, sur des sites dits spécialisés en "Pills Party" et livrées en 48 heures à domicile ! Tant qu'elles ne sont pas interdites, ni les sites, ni les petits chimistes fous, ne craignent la police ou les douanes : ils vendent des substances pour nettoyer des alliages, pour faire pousser des plantes, pour vaporiser des encens, des parfums d'ambiance ou des sels de bains et souvent, la mention "attention, cette substance ne doit pas être consommé par l'homme" est subtilement ajoutée.

Chaque mois, un nouveau cannabis de synthèse fait son apparition sur la toile. Si l'ecstasy est interdite, il suffit de lui rajouter une demi molécule d'oxygène pour synthétiser une nouvelle substance légale. Puis, après leur repérage et leur classement comme stupéfiants, surgissent sans problème de nouvelles molécules. La guerre à la drogue et la prohibition sont déjà peu efficaces en ce qui concerne les drogues "végétales" (cannabis, cocaïne, héroïne). Pour les drogues de synthèse qui ne nécessitent que des petits labos, et sont véhiculées par la toile, la solution répressive telle qu'elle existe aujourd'hui, sera moins que jamais une solution protectrice à elle seule.

L'information, la réduction des risques et l'accès aux soins sont des voix beaucoup plus citoyennes et pragmatiques que cette nouvelle forme sur Internet du jeu du chat et de la souris.... Les drogues de synthèse vendues sur Internet : c'est le requiem de la prohibition.

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