Les mères canadiennes craquent pour le cannabis

Depuis sa légalisation en 2018 au Canada, de plus en plus de mères revendiquent ses bienfaits : le cannabis les aiderait à mieux s’occuper de leurs enfants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pour certaines mères, la consommation de cannabis est une aide précieuse au quotidien
Pour certaines mères, la consommation de cannabis est une aide précieuse au quotidien  —  © fotolia

Combattre la dépression post-partum, se détendre après une longue journée, éviter les opiacés, être plus agréable avec ses enfants… Pour de plus en plus de mères canadiennes, la consommation de cannabis est une aide précieuse au quotidien. Depuis la légalisation totale de cette drogue en octobre 2018, plus de 5.000 se sont déjà réunies au sein du groupe Facebook "Mothers Mary", où elles échangent leurs expériences. "Notre mission est de combattre les préjugés et d’aider les femmes à assumer leurs décisions quant à la consommation de cannabis, en leur apportant soutien et informations", peut-on lire sur le site officiel du groupe.

"On pense qu’on est devant notre télé en mangeant de la pizza"

"Avant, je restais au lit toute la journée tant la douleur était grande. Aujourd’hui, je suis capable d’aller me promener avec mon fils" témoigne par exemple Lisa. D’après Annie-Claude Bertrand, qui a co-créé le groupe, "Mothers Mary" aide ces femmes en détresse psychique et parfois physique à dépasser la honte et à rompre la solitude. Un constat que partage Karine Cyr, qui a créé un groupe similaire, "Des fleurs ma chère", rassemblant plus de 500 membres. Elle va même plus loin : de tels réseaux d’entraide sont nécessaires pour éduquer les potentielles consommatrices. "Les gens ne sont pas informés, ils pensent encore que quand on utilise du cannabis, on est devant notre télé en mangeant de la pizza comme des adolescents", explique-t-elle.

Les deux principales molécules contenues dans le cannabis sont le THC (tétra-hydro-cannabinol) et le CBD (cannabidiol). Le THC est la principale substance psychoactive de cette drogue : c’est elle qui "fait planer". Le CBD, en revanche, aurait des qualités thérapeutiques (propriétés anti-inflammatoires, contre l’anxiété, la dépression…), sans les effets secondaires du THC. Quand on parle de cannabis thérapeutique, donc, on fait référence au cannabidiol. C’est en outre du cannabidiol qu’on retrouve dans les "joints électroniques".

Les autorités de santé canadiennes déconseillent cette drogue aux parents 

Mais malgré la récente légalisation totale (thérapeutique ET récréative) du cannabis au Canada, le ministère de la Santé reste formel : "Il est plus sûr d'éviter la consommation si vous êtes parent." Cette drogue peut en effet altérer le jugement, et donc la relation avec les enfants. Quant à la consommation pendant la grossesse, prônée par certaines membres de "Mothers Mary", ses dangers sont unanimement dénoncés par la communauté médicale. "Le THC traverse le placenta, donc le bébé va recevoir le cannabis que sa maman a consommé dans une proportion de 10 à 30%", explique le Dr Antoine Kanamugire à l’AFP. "Le cannabis peut beaucoup influencer le développement du système nerveux central et du système immunitaire du fœtus", développe le psychiatre. Le THC se retrouve également dans le lait maternel lors de l'allaitement.

Et en France ?

L'Agence du médicament (ANSM) a mis en place le 10 septembre dernier un comité chargé d'évaluer l'intérêt d'utiliser du cannabis pour soulager les douleurs causées par certaines maladies ou les effets secondaires de certains traitements. Le comité a finalement jugé en décembre dernier qu’il était "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique" dans des cas précis. L'ANSM a validé ces travaux et annoncé son souhait de mettre en place une expérimentation avant fin 2019.

La liste d’indications comprendrait notamment "les douleurs réfractaires aux thérapies accessibles", "certaines formes d'épilepsies", "des soins de support en oncologie" des "situations palliatives" et les contractions musculaires affectant les malades de sclérose en plaques. Il s'agirait de patients pour lesquels le soulagement est insuffisant ou qui tolèrent mal leur traitement. L'usage du cannabis thérapeutique pourrait alors être envisagé en complément, voire en remplacement.

En attendant, à Marseille, une vingtaine de patients atteints de la maladie de Parkinson devraient participer prochainement à un essai clinique, dont l’objectif est d’évaluer les effets du cannabis thérapeutique sur leurs symptômes. "Nous allons observer, avec l'administration d'une dose unique par nébulisateur, les effets sur la motricité, la raideur, mais aussi sur l'anxiété, les émotions", précise le Pr Olivier Blin, chef du service de pharmacologie à l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM).