Covid dans les TGV : « La SNCF doit prendre ses responsabilités »

Après un rapport accablant de l'inspection du travail, un collectif de médecins a mesuré le renouvellement de l'air dans certains trains. Résultat : un risque important de contamination au Covid.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Covid dans les TGV : « La SNCF doit prendre ses responsabilités »

Davantage de risque d’attraper le Covid dans un TGV ? Le renouvellement de l’air dans les trains SNCF est très insuffisant, selon un rapport de l’Inspection du Travail et des observations du collectif Du côté de la Science.

Pour parvenir à ce résultat, ces deux organisations ont mesuré la concentration en CO2 dans les trains. « Le Covid se transmet par l’air que l’on expire quand on est contagieux. Plus la concentration de CO2 est élevée, plus ça montre que la pièce est mal ventilée. C’est un témoin de la possibilité d’une grosse concentration de virus si des gens sont contagieux », explique la Dre Corinne Depagne, pneumologue membre du collectif Du Côté de la Science.

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Des chiffres très inquiétants

Résultat : les concentrations de CO2 ont dépassé 2500 parties par million (ppm), voire 4000 ppm, dans certains TGV. Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommande un maximum de 800 ppm dans les lieux clos recevant du public.

Pour la Dre Depagne, ces relevés sont très inquiétants. « Dans les trains, beaucoup de gens portent mal leur masque, l’enlèvent pour manger … C’est un bouillon de contamination, car on ne peut pas du tout ouvrir les portes et les fenêtres », ajoute-t-elle.

La question du filtrage

Face à la polémique, la SNCF a publié un communiqué expliquant que le renouvellement de l’air dans les TGV respecte « la réglementation en vigueur dans le transport ferroviaire », soit 5000 ppm. Toutefois, tous les milieux clos présentent un risque de contamination, d’après la Dre Dupagne. 

« Si on ne peut pas renouveler l’air, on peut mettre des filtres HEPA, comme en Italie », renchérit la pneumologue. « La SNCF a des filtres, mais ce ne sont pas des antiviraux. Les grosses particules restent coincées dedans, mais les virus passent facilement », explique-t-elle.

Des filtres HEPA dans les trains italiens

« En dehors du filtre, le seul moyen, c’est l’accueil en demi-jauges. La SNCF doit prendre ses responsabilités », affirme-t-elle.

Les filtres HEPA dont parle le Dre Dupagne sont utilisés dans les avions. Une étude de la NASA a montré que ces filtres éliminent des impuretés dont la taille est minuscule, jusqu’à 0,01 micromètre (la taille du virus du Covid), avec une efficacité proche de 100%. La compagnie ferroviaire italienne a déboursé 50 millions d’euros pour équiper tous ses trains de ces filtres HEPA, rappelle la pneumologue.

Ventiler tous les lieux clos

Pour la Dre Depagne, le problème est un peu différent dans les transports en commun. « Les gens ne mangent pas dans le métro, donc ça retire ce risque. Mais certaines personnes ne portent pas leur masque correctement, ou alors il est trop vieux, ce qui en crée un nouveau. »

Avec l’allègement du télétravail le 9 juin, la pneumologue prévient qu’il faut prendre en compte cette problématique au bureau également. « Dans les immeubles, les fenêtres peuvent s’ouvrir, mais pas toujours. Et la ventilation renouvelle l’air mais on ne sait pas si elle est suffisante pour éliminer le virus. Ce sont donc potentiellement des lieux de contamination », explique-t-elle. 

La pneumologue rappelle que le virus reste en suspension dans l’air pendant plusieurs heures. « Cela fait des mois que tout le monde répète la même chose », soupire-t-elle. « On a droit à l’eau potable, aux aliments vérifiés, on doit avoir droit à l’air propre et vérifié », déclare-t-elle.