Fin du remboursement des médicaments anti-Alzheimer ?

La Haute autorité de santé (HAS) recommande la fin du remboursement des médicaments anti-Alzheimer par la Sécurité sociale, faute d'efficacité.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

La Commission de la Transparence chargée de l’évaluation des médicaments au sein de la Haute autorité de santé (HAS) a conclu "à un intérêt médical insuffisant de ces médicaments pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale", a indiqué la HAS jeudi 20 octobre. Elle confirme ainsi une information du quotidien Libération. Quatre médicaments sont visés : Aricept®, Ebixa®, Exelon®, Reminyl® et leurs génériques. Toutefois, les avis de la commission de la transparence sont consultatifs. C'est au ministère de la Santé de prendre la décision du déremboursement.

Une efficacité contestée depuis dix ans

Plus de 800.000 personnes en France sont touchées par la maladie d'Alzheimer ou une maladie apparentée. L'efficacité de ces médicaments, non dénués d'effets indésirables (digestifs, cardiovasculaires, etc.), est contestée depuis plus de dix ans. Non seulement ces médicaments sont inefficaces, mais ils représentent depuis près de vingt-cinq ans "plusieurs milliards d'euros dépensés en pure perte", note le quotidien Libération qui a été le premier à relayer l'information. 

En 2011, alors que la menace du déremboursement n'était pas passée loin dans un précédent avis de la même commission, le ministre de la Santé d'alors Xavier Bertrand assurait aussitôt que "les médicaments anti-Alzheimer ne seront pas déremboursés" et que "les patients victimes de la maladie d'Alzheimer continueront à être pris en charge à 100%".

Côté médecins, le maintien du remboursement a été défendu par des spécialistes au motif que l'apparition sur le marché de ces médicaments a permis la reconnaissance et la prise en charge de la maladie d'Alzheimer.

"Le danger d'une telle décision (de dérembourser) est d'ignorer que ce qui est fait pour ces malades repose avant tout sur la mise en route d'un traitement spécifique. Supprimer le traitement, c'est courir le risque de voir disparaître les effets positifs des trois plans Alzheimer !" affirmait en 2011 dans une tribune publiée par Le Monde, Christophe Trivalle, gériatre à l'hôpital Paul Brousse (Villejuif, AP-HP). 

Favoriser le recours à des aides non pharmacologiques

Une position adoptée par d'autres de ses confrères alors qu'en 2011 la commission de la Transparence dégradait la note du service médical rendu (SMR) de ces quatre médicaments, la jugeant "faible", tout en estimant qu'ils n'apportaient pas d'amélioration du service médical rendu (ASMR V), donc pas de progrès thérapeutique. "Le vote au sein de la commission avait été très serré, à une voix près", rappelle dans Libération l'un de ses membres, le Pr Olivier Saint-Jean, qui explique aussi qu'on dispose aujourd'hui "des aides non pharmacologiques".

Auparavant en 2007, la même commission avait, au prix d'une étonnante contorsion, considéré que ces médicaments avait un rôle "important" justifiant le remboursement, tout en n'apportant qu'un progrès thérapeutique "mineur" (ASMR IV).