La santé des femmes enceintes et de leurs enfants est "préoccupante" en France

Un nouveau rapport de santé publique France dévoile l’évolution en 10 ans de la santé des femmes enceintes, des fœtus et des nouveau-nés. Les résultats ne sont pas bons, notamment ceux de la mortalité néonatale.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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La santé des femmes enceintes et de leurs enfants est "préoccupante" en France
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Une évolution "préoccupante" de la santé périnatale. C'est l'alerte que lance Santé publique France dans un document de 162 pages publié le 20 septembre. Ce rapport compile une série de données sur l’état de santé de la femme enceinte, du fœtus et du nouveau-né lors de la période allant de la grossesse au post-partum, de 2010 à 2019. 

Ce compte-rendu s’appuie sur les données de l’Insee, celles issues du codage des actes à l’hôpital et de résultats d’études diverses. Selon l'agence sanitaire, il permet ainsi pour la première fois une description globale de l’état de la santé périnatale en France. 

Moins de naissances partout en France

Un premier constat : le taux de natalité est en baisse dans toutes les régions de France, excepté en Guyane. Le nombre de naissances a diminué, passant de 841.000 en 2010 à 734.000 en 2019. 

Les principales raisons résident dans l'augmentation de l'âge maternel d’accouchement et dans la diminution de la fécondité chez les femmes les plus jeunes. Pour la France entière, l’âge moyen à l’accouchement est passé de 29,4 ans en 2010 à 30,1 ans en 2019. 

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Tabagisme, hypertension et diabète gestationnel

En parallèle, la précarité des mères semble s’aggraver : un peu moins d’accouchements sont couverts par l’Assurance maladie (96,8 % en 2010 contre 96,0 % en 2019). Et l'on recense davantage de mères en situation irrégulière disposant de l’Aide médicale d’Etat (AME, 1,6 % en 2010; 2,5 % en 2019) et de mères sans abri (0,58 % en 2015 en Île-de-France; 2,28 % en 2019). 

Si les femmes enceintes fument moins qu'il y a vingt ans, la France reste l’un des pays européens ayant la plus forte prévalence de tabagisme maternel en Europe (16,2 % des femmes fumaient au 3e trimestre en 2016). Certaines pathologies maternelles en cours de grossesse et en post-partum sont en augmentation, notamment les troubles liés à l'hypertension (4,5 % en 2010 ; 5,0 % en 2019) et le diabète gestationnel (6,7 % en 2010; 13,6 % en 2019). Cette dernière hausse s'explique en partie par des changements dans les modalités de dépistage et par l’augmentation de la prévalence des facteurs de risque, comme l’obésité ou l’âge maternel plus élevé. 

Le taux de césarienne est stable depuis 2012 (autour de 20,2 %). Le taux d’épisiotomie sur les accouchements par voie basse a parallèlement fortement diminué, aussi bien pour les primipares - femmes qui accouchent de leur premier bébé - (de 29,5 % en 2010 à 10,0 % en 2019) que pour les multipares (de 10,5 % à 2,7 % sur la même période). 

La mortalité néonatale en hausse

Autre constat majeur : les évolutions de la mortalité sont contrastées, "voire préoccupantes" à la fois pour la mère et l'enfant, explique à l'AFP Anne Gallay, directrice des maladies non transmissibles et traumatismes à Santé publique France.. Ainsi, le taux de mortalité maternelle n’a pas diminué significativement entre 2007-2009 et 2013-2015, date des dernières données disponibles. Et la mortalité néonatale (entre 0 et 27 jours de vie) a augmenté en métropole, passant de 1,6 décès pour 1.000 naissances en 2010 à 1,8 pour 1.000 en 2019. Le rapport met en lumière “cinq régions ayant potentiellement des évolutions défavorables de cet indicateur”: Auvergne Rhône-Alpes, Haut-de-France, Île-de-France, Normandie et Nouvelle Aquitaine.  

"Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les causes de cette mortalité", a relevé Nolwenn Régnault, responsable de l’unité périnatale de Santé publique France. La situation peut en tout cas progresser, selon elle, "de nombreux pays présentant de meilleurs résultats".

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Une situation très inquiétante en Outre-mer

"Le rapport fait état de situations hétérogènes entre les territoires, avec une dégradation dans les départements et régions d'Outre-mer", indique Anne Gallay. Ainsi, dans les Départements et régions d'outre-mer, le panorama est globalement encore plus défavorable : le taux de mortalité maternelle y est quatre fois plus élevé qu’en métropole et celui de la mortalité néonatale deux fois plus élevé. La Guyane et Mayotte sont les départements où la situation est la plus mauvaise.

Ces constats "plaident en faveur d’un renforcement de la prévention et de la promotion de la santé périnatale", "un meilleur accès aux droits et aux soins, en particulier dans certains territoires" d'Outre-mer, conclut le rapport. 

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