La fibromyalgie, qu'est-ce que c'est ?

La fibromyalgie reste encore très mal comprise. Elle englobe un ensemble de symptômes très douloureux, qui provoque une grande fatigue qui peut aller jusqu'au handicap. Les malades, à 90% des femmes, seraient plus de deux millions en France et 14 millions en Europe.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
La fibromyalgie est un ensemble de symptômes douloureux qui provoquent une importante fatigue
La fibromyalgie est un ensemble de symptômes douloureux qui provoquent une importante fatigue  —  Shutterstock

Ce n'est qu'en 2006 que l'OMS, l'Académie de médecine et la Haute Autorité de Santé la reconnaissent comme une pathologie à part entière. Mais qu'est-ce que la fibromyalgie ? Le Dr Patrick Sichère, rhumatologue, nous présente cette maladie.

La fibromyalgie est-elle une maladie nouvelle ?

Il s'agit d'un syndrome rhumatismal caractérisé par un état douloureux, musculaire, diffus, évoluant de façon chronique, associé à une fatigue, un dérouillage matinal, des troubles du sommeil. La description initiale remonte au début du XX siècle.

  • Qui est concerné ?

Principalement les femmes, entre 40 et 60 ans en raison notamment de particularités hormonales. Mais elle peut débuter dès l'adolescence.

  • Quel est le symptôme principal et quelles en sont les caractéristiques ?

La douleur est le signe constant.

Elle concerne aussi bien la région de la colonne cervicale, dorsale haute ou lombo-fessière. On peut également la retrouver à la pression de points situés aux épaules, trapèzes, coudes, près des hanches et près des genoux. Ces points sont situés au même endroit chez le même patient, retrouvés d'une consultation à l'autre, ce qui en fait une des caractéristiques de la maladie.

Autres troubles qui accompagnent la douleur : la sensation de fatigue, d'être épuisé, un sommeil perturbé et non réparateur.

  • Y a-t-il des facteurs déclenchants ?

Ils ne sont pas toujours présents. Il peut s'agir de traumatisme physique comme un coup du lapin, une chute, mais aussi un choc affectif, un stress un deuil ou un changement de situation familial ou professionnel. Des antécédents de traumatismes psychiques dans l'enfance se révèlent fréquents.

  • Est-ce une affection chronique ?

C'est un syndrome douloureux chronique qui peut évoluer par intermittence, avec des rémissions, être fluctuant, avec des périodes de crises sur un fond douloureux permanent.

  • Peut-on parler de syndrome fibromyalgique primitif ou secondaire ?

On pose le diagnostic de syndrome fibromyalgique quand tous les examens sont normaux. Au cas où le syndrome accompagne une autre maladie, on dit qu'il s'agit de fibromyalgie concomitante.

  • La fibromyalgie, est-ce "dans la tête" ?

Aucun travail sérieux n’a pu démontrer que la fibromyalgie relevait de la psychiatrie. En revanche, il est vrai que le patient ressent le syndrome fibromyalgique comme une affection plus sévère que d'autres maladies douloureuses chroniques comme dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde.

  • La fibromyalgie, est-elle une forme de dépression ?

La douleur comme la fatigue ou les perturbations du sommeil, peut–être un symptôme de dépression. Mais la dépression a des caractéristiques qui correspondent à des troubles de l'humeur que l'on ne retrouve pas souvent chez le patient fibromyalgique. Par contre, l'anxiété y est associée près d'une fois sur deux. Il faut en tenir compte dans le traitement.

  • Quelles sont les causes de la fibromyalgie ?

Elles sont de mieux en mieux connues mais nécessitent encore des travaux de recherche pour les confirmer. On a donc fait la preuve du rôle dans la douleur des perturbations du sommeil. Une atteinte musculaire est évoquée mais non confirmée.

Il existe certainement des troubles dans les mécanismes qui font intervenir la conduction de la douleur. Mécanismes complexes où les substances dites algogènes et certaines hormones jouent un rôle. Ces perturbations d'origine centrale (appelée ainsi car mettant en cause les centres de la douleur situés au cerveau et à a moelle épinière) expliquent l'échec d'un certain nombre de traitements.

  • Y-a-t-il un ou plusieurs traitements de la fibromyalgie ?

La fibromyalgie étant un syndrome douloureux chronique, plusieurs traitements sont à envisager. Ils se complètent et sont à adapter à chaque patient. Que le patient connaisse son diagnostic, qu'il soit rassuré et qu'il sache l'importance de sa participation sont déjà des éléments du traitement.

La sédentarité peut favoriser les poussées douloureuses. À l'inverse, il faut pratiquer régulièrement une activité physique, du sport, de façon adaptée à chacun, pour leurs bienfaits contre la douleur. D'autant que le corps reste lui en bon état de marche puisque les perturbations ne concernent que les centres de la douleur.

On pourra s'aider de séances de rééducation, d'exercices d'étirement, en se méfiant des massages trop profonds qui reproduisent les douleurs. Une cure de thalassothérapie, ou mieux une cure thermale, peuvent permettre au patient de démarrer des exercices physiques réguliers. La relaxation et l'hypnose sont des traitements efficaces.

Les médicaments prescrits appartiennent à la famille des antidépresseurs et des antiépileptiques. Ces médicaments ne sont pas proposés comme tels mais parce qu’ils ont une action anti-douleur centrale. La prescription se fait à dose progressive. Les antalgiques habituels ou les anti-inflammatoires n'ont pas l'effet escompté.

Du fait de la chronicité de ce syndrome, il faut que les patients sachent que l'effet du traitement est rarement spectaculaire et nécessite une prise en charge à long terme.

Comprendre son affection et s’adapter à des changements de situation, apprendre à maîtriser le stress, sont des éléments essentiels du traitement. Le syndrome fibromyalgique répond à des critères précis. Il s'agit d'un syndrome douloureux chronique qui nécessite l'adaptation aussi bien du médecin que du patient. Il faut utiliser plusieurs cartes à la fois pour gagner la partie contre la douleur. Le médecin connaît les bonnes cartes, la patiente a les atouts en main.

Source : Dr P. Sichère, rhumatologue, membre du Collège national des médecins de la douleur et responsable du Comité de lutte contre la douleur des hôpitaux de Saint-Denis

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr :

Ailleurs sur le web :