Affaire Alexia Daval : non, les traitements contre l’infertilité ne rendent pas bipolaire

L'avocat de Jonathann Daval a évoqué la possible responsabilité de traitements contre l’infertilité dans des accès de violence de la victime. Selon un spécialiste, ces affirmations sont infondées scientifiquement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Affaire Alexia Daval : non, les traitements contre l’infertilité ne rendent pas bipolaire

Depuis le passage aux aveux de Jonathann Daval, le 30 janvier dernier, meurtrier présumé de sa femme Alexia, le besoin de comprendre le déroulement des événements est immense. L’avocat de Jonathann, Randall Schwerdorffer, a créé la polémique en mettant en avant des traits de caractère de la victime, évoquant une "personnalité écrasante" qui "rabaissait" son mari. Il a aussi cité, prudemment, un traitement médical qu’elle prenait.

Pas d’effets psychiatriques des traitements hormonaux

Sur l’antenne de BFMTV,  Randall Schwerdorffer a parlé de violences "ponctuelles" éventuelles d'Alexia Daval à l'encontre de son client, consécutives à la prise d'un "traitement pour la fertilité".  Précisant bien qu’il n’est "pas pharmacologue", il a tout de même avancé que ce traitement avait pu changer la personnalité de l'épouse assassinée. "Alexia avait un traitement pour des problèmes de fertilité. Et on sait que ce traitement, je m’en suis entretenu avec maître Florand, a des effets significatifs de modification du comportement. Ça peut aller jusqu’à la bipolarité et produire des accès de violence. Je sais qu’elle avait parfois du mal à supporter ce traitement, et que ça pouvait occasionner des crises", a-t-il précisé. 

Les traitements hormonaux peuvent-ils produire des effets aussi marqués sur le psychisme des femmes qui les suivent ? Non, d’après le Pr Michael Grynberg, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart. "Avec ces traitements, le taux d’hormones dans le corps augmentent. Les femmes qui sont sensibles à l’action des hormones peuvent en effet présenter des fluctuations de l’humeur, une irritabilité, explique-t-il. En revanche, il n’y pas de cas connus de problèmes psychiatriques provoqués par ce genre de produits."

Une femme tuée par son conjoint tous les trois jours

L’enquête actuellement en cours devrait permettre de faire la lumière sur les circonstances du meurtre de la jeune femme. Des experts judiciaires auront entre autres pour mission d'approfondir les personnalités du présumé meurtrier et de la victime.

Quels que soient les résultats de l'enquête, cette affaire nous rappelle que les féminicides et les violences faites aux femmes sont un véritable fait de société. En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de violences physique et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, est estimé à 225 000 femmes. En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire intime "officiel" (conjoint, concubin, pacsé ou « ex ») ou non officiel (petits-amis, amants, relations épisodiques...).  Pour comparaison, 34 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire intime, dont trois au sein de couples homosexuels.